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IRIN - nouvelles et analyses humanitaires
Fermeture des frontières et températures glaciales : dur hiver pour les réfugiés
Article mis en ligne le 27 janvier 2016

Les réfugiés et les migrants qui tentent de traverser le petit village grec d’Idomeni, près de la frontière macédonienne, pâtissent de l’introduction de politiques frontalières toujours plus restrictives par les pays situés plus au nord.

Ce weekend, en Grèce, des milliers de réfugiés et de migrants ont été obligés de dormir dehors, par des températures atteignant les moins huit degrés Celsius, la Macédoine n’autorisant que quelques réfugiés à passer sa frontière.

Les réfugiés et migrants qui attendent à la frontière ont la forte impression qu’ils seront parmi les derniers à pouvoir entrer en Europe. (...)

« Beaucoup beaucoup de pays ferment leurs frontières. Alors nous avons quitté l’Irak mardi et […] nous voyageons le plus vite que nous pouvons jusqu’à arriver en Allemagne. »

D’importants changements sont en effet en cours. Les dirigeants européens cherchent de plus en plus désespérément à endiguer le flux de réfugiés avant que leur nombre augmente à nouveau au printemps.

La semaine dernière, l’Autriche, qui a accueilli environ 90 000 demandeurs d’asile en 2015, a été le premier pays européen à plafonner le nombre de réfugiés qui seront acceptés à l’avenir. Le chancelier autrichien Werner Faymann a annoncé que son pays limiterait à 37 500 le nombre de demandes d’asiles cette année et à 127 500 d’ici mi-2019. Seuls les réfugiés souhaitant obtenir l’asile en Autriche ou en Allemagne seront admis sur le territoire.

L’annonce a déclenché une réaction en chaîne le long de l’itinéraire de l’ouest des Balkans. Pour éviter l’engorgement dans leur propre pays, la Slovénie, la Croatie, la Serbie et la Macédoine ont toutes mis en place des mesures de contrôle similaire, refusant l’entrée sur leur territoire de personnes souhaitant demander l’asile ailleurs qu’en Autriche ou en Allemagne.

Au camp de transit d’Idomeni, les autorités grecques appliquent de facto toutes les nouvelles politiques annoncées plus au nord sur l’itinéraire de l’ouest des Balkans. Début décembre, de violentes émeutes ont éclaté parmi les milliers de personnes bloquées à Idomeni à la suite de la décision prise par plusieurs pays des Balkans de n’accepter que les Syriens, les Afghans et les Irakiens.

Jeudi, la police grecque a ouvert un bureau mobile dans le camp de transit pour demander aux réfugiés et aux migrants où ils prévoyaient de déposer leur demande d’asile. Ces derniers doivent maintenant attendre dehors, par des températures négatives, pour recevoir leurs hartia (papiers, en grec) tamponnés, avec mention de leur destination finale. Ceux qui déclarent se rendre en Allemagne ou en Autriche sont dirigés vers des tentes dans lesquelles ils doivent encore attendre que la Macédoine ouvre à nouveau brièvement sa frontière. (...)

Comme il fallait s’y attendre, tout le monde déclare l’Allemagne ou l’Autriche comme destination finale. Difficile de savoir ce qu’ils risquent s’ils tentent ensuite de se rendre dans un autre pays.

Le camp d’Idomeni, qui peut accueillir jusqu’à 1 200 personnes, est équipé de grandes tentes chauffées, de douches, de nourriture, de couvertures, de vêtements chauds et d’espaces séparés pour les réfugiés particulièrement vulnérables. Mais depuis les émeutes du mois dernier, la police grecque oblige les bus transportant des réfugiés d’Athènes à Idomeni à s’arrêter à une station-service à 20 km de là, soi-disant pour éviter les mouvements de foule. Moins de 300 personnes à la fois sont autorisées dans le camp. Ces dernières nuits, plus de 2 500 personnes ont donc dû dormir à la station-service, souvent dehors, à même le sol, par des températures glaciales. (...)

Les organisations non gouvernementales et les bénévoles travaillant à Idomeni s’inquiètent de ce qui pourrait se passer quand l’Autriche atteindra son quota. Près de 45 000 migrants et réfugiés sont arrivés en Grèce depuis le début de l’année, malgré les conditions hivernales difficiles. La grande majorité d’entre eux seront passés par l’Autriche pour atteindre l’Allemagne ou d’autres destinations en Europe de l’ouest ou du nord. Selon Karl-Heinz Grundböck, porte-parole du ministère de l’Intérieur autrichien, ils sont environ 6 000 à avoir demandé l’asile en Autriche en 2016. La chancellerie se renseigne actuellement sur la capacité juridique de l’Autriche à refuser de nouvelles requêtes lorsque le pays aura atteint son quota de 37 500 demandeurs d’asile.

Le président allemand Joachim Gauck a annoncé la semaine dernière qu’une limite similaire était « extrêmement probable » en Allemagne cette année.

« Que vont faire tous ceux qui ne pourront pas passer ? » a demandé Mme Gillie. « Il est déjà suffisamment difficile de répondre à leurs besoins les plus élémentaires. » (...)

« Lorsque des gens feraient n’importe quoi pour atteindre leur destination finale, il est évident qu’ils devront trouver d’autres voies et ces autres voies sont généralement [empruntées à l’aide de] passeurs, » a dit Alexandros Voulgaris, directeur du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés à Idomeni. « Ils sont désespérés. Alors ils trouveront un moyen [de passer]. »