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Non-Fiction
Faut-il assassiner les neurosciences ?
Couverture ouvrage Neuroscepticisme Denis Forest Éditeur : Ithaque
Article mis en ligne le 27 mai 2015
dernière modification le 21 mai 2015

Denis Forest, avec ce livre, crée une nouvelle catégorie ; le neuroscepticisme , qui désigne l’ensemble des courants de pensée qui contestent la validité des méthodes ou des résultats des neurosciences. De ce neuroscepticisme, il dresse un portrait riche et précis.

Compte tenu de l’influence grandissante des neurosciences, il est utile de reprendre point par point, les arguments des neurosceptiques afin de mieux circonscrire le champ d’action réel des neurosciences, au-delà de ce qui paraît en être illusoirement attendu quand « ajouter une référence aux neurosciences augmente la confiance des profanes dans la validité d’une explication, quand bien même les données neuroscientifiques invoquées n’auraient aucune pertinence explicative » .

Denis Forest reprend donc les arguments des neurosceptiques sans pour autant basculer dans un « neuronihilisme » qui ne concéderait absolument rien aux neurosciences. Closant le premier chapitre de son livre, Denis Forest, lui, concède ceci : (...)

L’une des nombreuses failles des neurosciences relevées dans le livre concerne l’usage du signal BOLD qui, indiquant l’activation des neurones dans une zone du cerveau, est utilisé afin de voir quelle zone fonctionne pour une tâche. Denis Forest mentionne que si les neurones activés lors d’une tâche sont en fait des neurones inhibiteurs, alors la carte du cerveau est fausse. L’auteur rend par-là assez bien compte de la complexité de la démarche cartographique en neurosciences... si toutefois il n’en nie pas complètement la validité quand il ajoute à ses constats :

« Pour toutes ces raisons le signal BOLD risque d’être aussi informatif sur le détail de ce qui se passe dans le cerveau que, pour des extraterrestres, un film des activités d’un ministère montrant des individus qui remuent les lèvres et qui échangent des feuilles de papier. »

Car il me semble que si la cartographie cérébrale est fondée sur l’IRM, la lecture des images qu’elle produit est fondée sur le signal BOLD. S’il est à ce point non informatif, c’est toute la démarche, qui est fausse. Et Adina Roskies, qui appelle ce problème « distance inférentielle », ne semble pas lui apporter grande solution, même si elle a le mérite de le nommer.

Denis Forest achève cependant le second chapitre sur la note d’espoir suivante : « suggérer de nouvelles manières de concevoir notre vie mentale, et offrir de bonnes raisons de retenir de telles conceptions, voilà ce que les neurosciences, à leur meilleur, sont aujourd’hui en mesure de proposer. » (...)

l’auteur propose quelques perspectives, futuristes, qui engagent les neuroscientifiques à faire mieux, d’urgence. Car si j’en juge par ce qu’il décrit des impasses méthodologiques en lesquelles ils semblent très systématiquement s’engager, ils paraissent en cette peinture aussi peu renseignés que l’étaient les savants qui jugeaient autrefois la terre plate : (...)