
Démographie, que de poncifs on répand en ton nom...
« L’humanité connaît une natalité débridée. » Non, car depuis plusieurs décennies les taux de natalité diminuent nettement et partout, sous l’effet de ce qu’il est convenu d’appeler la « transition démographique » (voir le glossaire), période durant laquelle une population voit baisser une natalité et une mortalité auparavant très élevées.
« Il faut craindre une véritable explosion démographique. » Qu’on se rassure : la bombe ne sautera pas. Le phénomène majeur du XXIe siècle ne sera pas la croissance rapide de la population, mais son vieillissement.
« Nous allons vivre sur une Terre écrasée par la surpopulation. » Non, à nouveau, car la concentration humaine sur de petits territoires, induite par l’urbanisation, entraîne le dépeuplement d’autres régions.
« Les vagues migratoires Sud-Nord vont nous submerger. » C’est ignorer que les nouvelles logiques migratoires engendrent des mobilités dans tous les sens, dont de très importantes migrations Sud-Sud.
En somme, la « population mondiale » n’existe pas : elle est un agrégat sans signification, addition de réalités si différentes que l’évoquer revient à mélanger pommes et cerises. (...)
Le XXe siècle a été témoin d’une évolution sans précédent : le peuplement de la terre a quadruplé (de 1,6 milliard de personnes en 1900 à 6,1 milliards en 2000).
Cette croissance résulta de l’addition de trois phénomènes. Dès la fin du XVIIIe siècle, certains pays de l’hémisphère Nord avaient commencé à connaître une baisse de la mortalité (infantile, infanto-adolescente et maternelle) qui, au XIXe puis au XXe siècle, s’est généralisée aux pays du Sud
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Par ailleurs, les personnes âgées vivent plus longtemps, grâce à l’amélioration, depuis les années 1970, de la médecine et des infrastructures sanitaires. La mécanisation d’un certain nombre de tâches a en outre apporté de meilleures conditions de travail, contribuant à accroître l’espérance de vie, qui a presque doublé en un siècle
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La baisse sans précédent de la fécondité provoque une nette décélération démographique : le taux annuel moyen d’accroissement est passé du maximum historique de plus de 2 % à la fin des année 1960 (nombre de pays se trouvaient alors au milieu de leur transition démographique) à 1,2 % en 2010. (...)
Phénomène inédit, le vieillissement marquera le XXIe siècle. (...)
L’urbanisation apparaît comme un autre phénomène majeur. (...)
C’est le grand paradoxe du XXIe siècle : jamais la population mondiale n’a été si nombreuse, et jamais elle ne s’est autant concentrée dans des espaces si petits : le monde se « métropolise » inexorablement sous l’effet d’une sorte de moteur à trois temps. (...)
Transitions démographiques en cours dans différents pays du Sud, hiver démographique dans certains pays du Nord, vieillissement de la population, urbanisation sans précédent : voilà qui dessine un paysage démographique inédit. S’y ajoute la question des circulations migratoires : 214 millions de personnes (5) résident de façon permanente dans un autre pays que celui où elles sont nées — un chiffre qui n’inclut ni les réfugiés ni les déplacés.
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Contrairement aux idées reçues, les migrations sont régulières et permanentes. Et très majoritairement légales : surmédiatisées, les migrations clandestines sont statistiquement négligeables.
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