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le Monde Diplomatique
Fausse solution de l’aquaculture
Article mis en ligne le 7 novembre 2012
dernière modification le 4 novembre 2012

L’idée de remplacer le poisson sauvage par du poisson d’élevage se heurte à des réalités incontournables, mettant en péril les écosystèmes marins à grande échelle.

« Il faut une volonté politique claire de développer une aquaculture durable et compétitive, afin de faire face à la concurrence des pays tiers. » Cette remarque répétée d’Alain Cadec, vice-président de la commission de la pêche, révèle le vrai visage de la production en captivité, celui de la conquête des marchés. Dans le secteur de l’agroalimentaire, c’est l’aquaculture qui dynamise le plus les échanges internationaux, avec des taux de croissance annuelle en matière d’exportations dépassant 50 % pour certaines espèces. En dépit d’une série d’annonces, le souhait d’une production d’élevage compatible avec la préservation de l’environnement ne se manifeste plus vraiment dans les propositions de la commission pour une réforme de la Politique commune de la pêche (PCP), ni dans l’organisation commune des marchés (OCM) des produits de la pêche et de l’aquaculture. Car l’idée de « remplacer » le poisson sauvage par du poisson d’élevage ne résiste pas à la plus petite analyse écologique. (...)

Le développement rapide de l’aquaculture de poissons carnivores a accru la pression sur les stocks halieutiques dans des proportions inquiétantes. Il faut en moyenne entre 2,5 et 4 kg de poissons sauvages pour la fabrication d’1 kg de poissons d’élevage. La farine et l’huile destinées à l’alimentation proviennent d’une activité halieutique destructrice mais qui ne fait jamais la « une » des médias : la pêche minotière. (...)

Construite sur le modèle industriel, l’aquaculture n’est autre qu’un élevage en batterie, transposé en milieu marin. Avec toutes ses conséquences  : concentration de déjections animales, eutrophisation et contaminations bactériennes des eaux, prolifération d’épidémies, accumulation de pesticides dans la chair des poissons, perte de la biodiversité génétique des spécimens et perte de la valeur nutritive du produit final. En 2004, des chercheurs britanniques ont établi que le volume de déjections non traité généré par la salmoniculture écossaise était équivalent à celui de l’ensemble des eaux usées de la ville d’Edimbourg. (...)

Dans l’élevage intensif, les risques d’épidémie sont particulièrement craints, à tel point que des antibiotiques sont intégrés aux farines alimentaires destinées aux poissons. (...)

Enfin il ne faut pas attendre beaucoup des labels bio, qui ne garantissent nullement l’absence d’huile de palme ou de graisses hydrogénées. (...)