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#FactCheck : pourquoi La Mède fonctionnera bien à l’huile de palme (et non aux huiles usagées)
Article mis en ligne le 6 juillet 2019
dernière modification le 5 juillet 2019

Contrairement à ce qu’affirme Total, et le gouvernement, l’approvisionnement en huile de palme pour la « bioraffinerie » de La Mède ne se limitera pas à 300 000 tonnes. D’après nos calculs, il est plus proche de 550 000 tonnes et l’utilisation d’huiles usagées est anecdotique.

Dans une opération de communication bien rodée, le 16 mai 2018, Nicolas Hulot annonce, en direct de l’émission de Jean-Jacques Bourdin, qu’il va délivrer l’autorisation d’ouverture de la bioraffinerie de La Mède et qu’il a trouvé un accord avec Total : limiter l’approvisionnement en huile de palme à 300 000 tonnes. Un message appuyé par Total qui publie simultanément un communiqué de presse.

Problème : l’arrêté préfectoral, publié le même jour, ne mentionne à aucun moment cette limite et, au contraire, autorise Total à importer 450 000 t/an « d’huiles végétales brutes de toutes natures » (extrait de la page 20). (...)

Au-delà des 450 000 tonnes d’huile de palme brute, l’arrêté mentionne que Total complétera son approvisionnement avec « 25% de distillats d’acide gras, d’huiles alimentaires usagées ou graisse animale de catégorie 3 ».

Mais qu’est ce qui se cache derrière ses fameux « acides gras » ? Pour le savoir, il faut aller lire un autre document : le rapport de l’inspection de l’environnement chargée des Installations classées (...)

Les distillats d’ »acide gras » sont en réalité des produits à base d’huile de palme (...)

Les PFAD sont classés, au même titre que l’huile de palme brute, dans la catégorie des « biocarburants de première génération ». Précisément, ceux qui posent problème. (...)

En essayant de faire passer les PFAD comme des « résidus » ou des « déchets », Total tente de faire croire que la bioraffinerie de La Mède fonctionnera en grande partie avec des « huiles usagées ».

En réalité, le gisement d’huile usagée est très limité en France : de l’ordre de 100 000 t/an comme le reconnait d’ailleurs Total. Dans un communiqué de presse commun avec Suez, Total annonce la signature d’un partenariat de 10 ans pour approvisionner La Mède avec 20 000 t/an. Une goutte d’eau comparée à l’approvisionnement global de 650 000 tonnes. (...)

Ce débat autour de l’approvisionnement de la « bioraffinerie » de La Mède serait beaucoup plus transparent si Total acceptait de publier son plan d’approvisionnement. Malgré nos demandes répétées, l’entreprise s’y refuse et se limite à publier sur son site Internet, un camembert sans aucune données quantitatives.

Si l’on considère un approvisionnement de 20 000 tonnes d’huiles usagées, 50 000 tonnes d’huile de colza, il reste encore 580 000 tonnes à trouver.

Or, les seuls documents disponibles (dossier d’enquête publique, rapport de l’inspection de l’environnement) montrent que les produits à base d’huile de palme pourraient représenter 550 000 tonnes (sous forme d’huile de palme brute ou de PFAD).