
...Si un comportement a été stigmatisé dans les forums sociaux mondiaux, c’est bien celui des institutions financières et notamment les politiques d’ajustement structurel en Afrique et leurs conséquences sociales parfois effroyables. Dénonciation largement et inespérément appuyée en 2002 par Joseph E. Stiglitz, prix Nobel d’économie et ancien vice-président de la Banque mondiale [19]. Alors, verra-t-on un jour un des responsables du FMI ou de la Banque mondiale poursuivi devant une juridiction internationale ou nationale ? En effet, il sera de moins en moins admissible que les plus grands pouvoirs s’appuient sur une totale irresponsabilité juridique. Quel extraordinaire paradoxe, en effet, que cette évolution de la société internationale qui l’a conduite à donner de plus en plus de pouvoir à un nombre de plus en plus restreint de personnes, tout en leur conférant une irresponsabilité juridique statutaire....
En 2008, les juristes de Sherpa, en partenariat avec d’autres ONG (dont le Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde, CADTM) et avec le soutien de plusieurs professeurs de droit d’horizons différents, ont engagé une réflexion visant à déterminer comment pourrait être imputé à la Banque mondiale – ou à un de ses dirigeants – un grave dommage subi par une population d’un pays du Sud...
...la preuve pourrait être apportée que la Banque mondiale, alors qu’elle en avait les moyens et le mandat, a pu, dans bien des cas, laisser se volatiliser une proportion importante de deniers publics, métabolisés en avoirs dissimulés dans des paradis fiscaux. La responsabilité des institutions financières internationales n’est pas ici de s’être tue, mais bien d’avoir laissé faire alors qu’elle avait promis aux populations civiles concernées d’éviter cette situation. ...