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Face à la canicule, en ville, les arbres sont la meilleure parade
Villes et changement climatique. Îlots de chaleur urbains sous la direction de Jean-Jacques Terrin, éditions Parenthèses, 288 p., 22 €.
Article mis en ligne le 23 juillet 2016
dernière modification le 19 juillet 2016

Le réchauffement climatique multiplie les épisodes caniculaires, encore accentués en ville par la présence d’îlots de chaleur. De nombreuses municipalités cherchent les moyens d’atténuer ce phénomène.

(...) Alors que la température mondiale a déjà augmenté de 1°C sur la planète et de 3°C dans les centres-ville, et que les négociations actuelles ne laissent pas entrevoir une inversion de tendance, de nombreuses communes ont mis en place des programmes de recherche pour essayer d’atténuer ces effets d’accumulation de chaleur.
Des villes blanches, bleues ou vertes

Trois moyens d’action ont été identifiés : la possibilité de peindre en blanc les façades et les toits pour renvoyer la chaleur du soleil, la multiplication de la circulation des eaux en surface et le développement de zones vertes arborées, soit en parc soit le long des rues.

Les villes blanches des pays chauds sont bien connues et New York a, par exemple, développé un programme pour peindre les toits en blanc. Cela a toutefois un effet limité [1]. Il a aussi été tenté de végétaliser les toits et les façades. Là aussi, cela favorise bien une baisse de la température, mais c’est généralement coûteux et fragile. (...)

Dans des écoquartiers comme la Confluence, à Lyon, Montaudran Aérospace, à Toulouse, à Vienne (Autriche) ou Barcelone (Espagne), des plans d’eau ont été prévus entre les immeubles [2], des écoulements d’eau de pluie sont maintenus en surface ou même, dans le cas de Séoul, une autoroute a été détruite pour redécouvrir une rivière enterrée.

Enfin, la troisième méthode consiste à planter de la végétation partout où c’est possible. Dans le damier de Barcelone, plusieurs grandes rues ont été rendues aux piétons avec plantation de végétation sur trois niveaux : herbe, arbustes, arbres. Des carrefours ont été transformés en petits parcs. À Montréal (Canada), un programme de plantation d’arbres est en cours le long des rues qui en sont dépourvues. À Rennes, des essais de végétalisation ont été réalisés dans des cours intérieures… Plusieurs villes ont profité de l’installation du tramway pour végétaliser son parcours. (...)

Les comparaisons entre ces différentes méthodes montre que c’est la plantation d’arbres qui est la plus efficace (le bénéfice peut atteindre 6 °C) [3].
Reconquête des espaces occupés par l’automobile

Il reste quelques problèmes : un arbre de grande envergure va mettre entre 25 et 50 ans pour atteindre sa taille adulte… avec le risque qu’entre temps, le climat ait tellement changé que l’arbre ne résiste plus. Ainsi, à Montréal, 10 % des arbres (les frênes) ont été attaqués par un parasite dont l’apparition est liée à la hausse des températures. Les arbres sont efficaces mais sur une distance limitée : des thermographies montrent que l’effet s’estompe au-delà de 100 m. Par ailleurs, comment concilier la mise en place d’un réseau assez dense de végétation avec des arbres de grande taille, avec la volonté de densifier la ville et donc les bâtiments ? Cela passe principalement par la reconquête des espaces occupés par l’automobile en espaces verts : suppression de places de stationnement, diminution de la largeur des chaussées, piétonnisation de rues… [4] Il n’est guère envisageable de toucher au bâti. (...)

la climatisation — qui consomme beaucoup d’énergie — contribue, en rejetant la chaleur intérieure vers l’extérieur, à augmenter les effets d’îlots de chaleur. Dans les logements neufs, les normes actuelles permettent, par une bonne isolation, de se passer de la climatisation, ce qui n’est pas le cas dans les bâtiments plus anciens. Or, le renouvellement d’une ville étant très lent, à chaque canicule, les plus riches s’équipent de climatisation au détriment des plus pauvres qui eux récupèrent cette chaleur supplémentaire [6]. (...)