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l’Humanité
Face à l’OPA de Veolia, une première victoire des syndicats de Suez au tribunal de Paris
Article mis en ligne le 13 octobre 2020

Le patron de Veolia, Antoine Frérot, imaginait une opération éclair. La prise de contrôle de Suez est pourtant en voie d’enlisement. Une décision de justice, prise vendredi et favorable aux syndicats de salariés de sa proie, a pour effet de repousser de plusieurs mois l’effectivité de cette absorption. D’autres bâtons sont prêts à être glissés dans les roues de cette fusion par les dirigeants de Suez comme par des parlementaires interloqués par tant d’opacité. Explications.

Depuis mercredi soir, Veolia a certes bel et bien pris le contrôle de son frère ennemi en mettant la main sur les 29,9 % d’actions que détenait Engie dans le numéro deux français de la gestion de l’eau et des déchets. Le groupe énergéticien a d’ailleurs encaissé dès le lendemain les 3,4 milliards d’euros de la transaction, sans que l’Autorité des marchés financiers ne sourcille. Fermez le ban ? Pas vraiment. (...)

Ce vendredi, le tribunal judiciaire de Paris a ordonné en référé la « suspension de l’opération » d’acquisition des titres d’Engie et de l’OPA à venir de Veolia sur le reste des actions de Suez. La juridiction a ainsi donné raison aux comités sociaux et économiques (CSE) de Suez et Suez Eau France, qui dénonçaient dès avant cette cession de titres le fait de ne pas avoir été « informés et consultés » sur les « décisions déjà prises (...)

Impression d’une « pantalonade » gouvernementale

Si la décision de justice n’invalide pas la cession, elle bloque sa mise en pratique, le temps que la direction de Suez lance la consultation des instances représentatives du personnel. Ce qui pourrait prendre un certain temps, voire un temps certain, les dirigeants du groupe avalé ayant déjà prévenu vouloir rendre l’absorption indigeste. (...)

Le prédateur n’est pas au bout de ses peines. La tenue du conseil d’administration d’Engie qui a conduit à la cession des titres de Suez à Veolia, en l’absence des administrateurs CFDT ( « on n’a pas reçu de pression de quiconque », a assuré samedi Laurent Berger), et la mise en minorité des représentants de l’État (lire notre article du 7 octobre) ont fait tiquer au Parlement. La France insoumise annonce une commission d’enquête. La présidente de la commission des Affaires économiques du Sénat, Sophie Primas (LR), envisage quant à elle plutôt des « auditions » des acteurs concernés, quand son collègue Olivier Marleix accuse l’État d’avoir « organisé lui-même cette pantalonnade ». Une impression partagée par l’ancien ministre (PS) Arnaud Montebourg, qui envisageait « un scénario à la russe : le pouvoir a décidé de prendre une proie et de l’offrir sur un plateau à un de ses amis, Antoine Frérot, le patron de Veolia ». (...)

l’OPA de Veolia sur Suez pourrait bien devenir pour le président Macron ce que fut la cession d’Alstom énergie à General Electric en 2015 pour le ministre de l’Économie Macron : une tache indélébile.