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Futura-Sciences
Exoplanète : et si la vie sur Terre était un cas très rare ?
22 février 2016
Article mis en ligne le 20 novembre 2017
dernière modification le 19 novembre 2017

La recherche d’exoplanètes susceptibles d’abriter une vie telle que nous la connaissons bat son plein. En ce mois de novembre 2017, on parle beaucoup de Ross 128b, une planète tellurique qui tourne très près d’une petite étoile rouge. Elle est peut-être habitable, comme bien d’autres mondes. Mais, en 2016, une équipe internationale de chercheurs a évalué le nombre de planètes ressemblant à la Terre. Selon ce modèle, la plupart seraient apparues bien avant notre planète, ce qui pose la question de l’absence apparente de colonisation de la Galaxie par des civilisations intelligentes.

(...) Depuis Copernic et avec l’éclosion des sciences, nous sommes progressivement passés d’un « monde clos à l’univers infini » (dixit Alexandre Koyré) où l’Homme a dû accepter qu’il n’en est pas le centre. En moins d’un siècle, nous avons réalisé que notre modeste Soleil appartient à un vaste ensemble qui compte quelque 200 milliards d’étoiles, qu’il n’y est même pas au milieu et qu’en outre, la Voie lactée est une galaxie parmi des centaines de milliards d’autres à travers le cosmos. La question du centre n’a désormais plus de sens.
Mais ce n’est pas fini, comme les philosophes atomistes de l’Antiquité en avait déjà eu l’intuition et, plus de quinze siècles après Lucrèce, Giordano Bruno : « Il est donc d’innombrables soleils et un nombre infini de terres tournant autour de ces soleils, à l’instar des sept "terres" que nous voyons tourner autour du Soleil qui nous est proche » (in L’Infini, l’Univers et les Mondes, 1584). Sans surprises, en effet, quasiment toutes les étoiles qui brillent sont entourées de planètes. Si bien qu’il y a beaucoup plus de planètes que d’étoiles. De façon certaine, 2.000 exoplanètes ont d’ores et déjà été identifiées depuis les premières recherches, il y a un peu plus de 20 ans. Alors, d’autres terres auraient-elles accueilli la vie ? On est tenté de répondre que si et même qu’elle doit être fréquente.
(...)

Pour Erik Zackrisson, de l’université d’Uppsala (Suède), et son équipe, la réponse est loin d’être évidente. D’après leur modélisation, il semblerait que l’avènement de planètes rocheuses habitables et habitées soit rare, voire très rare.
Pour arriver à cette conclusion (l’étude est disponible sur arXiv et soumise pour publication dans The Astrophysical Journal), les chercheurs ont concocté une simulation de l’univers à partir d’une recette tenant compte de toutes les connaissances actuelles physiques et cosmologiques (...)

après une évolution en accéléré de 13,8 milliards d’années, ils ont évalué à travers ce mini-univers virtuel, le nombre de planètes de type terrestre. Ils en ont recensé des centaines de milliards de milliards (environ 7 x 1020) autour d’étoiles plus ou moins chaudes, et plus ou moins grosses que notre Soleil, et aussi des naines rouges. Une grande majorité d’entre elles sont apparues à leur grande surprise assez tôt, souvent au sein de galaxies deux fois plus grandes que la nôtre et autour d’étoiles moins riches en éléments lourds.
Bon nombre d’entre elles seraient beaucoup plus âgées que notre petite planète bleue (notre Système solaire n’a que 4,56 milliards d’années). Aussi, dans la mesure où les conditions favorables à l’émergence de la vie sont réunies selon les cas, la question « que sont devenus leurs habitants ? » s’impose.
Où sont-ils ? « Pourquoi n’ont-ils pas colonisé notre galaxie ? »
Qu’ont-ils fait durant tous ces milliards d’années ? N’ont-ils pas eu le temps d’étendre leur domination ? « Si vous avez des civilisations qui ont 3,5 milliards d’années d’avance sur nous, pourquoi n’ont-elles pas colonisé notre galaxie ? demande Max Tegmark, chercheur au MIT (Massachusetts Institute of Technology), interrogé par la revue Scientific American. Pour moi, l’explication la plus probable est que, s’il y a des planètes à la pelle, les formes de vie intelligentes évoluent très rarement ». Serions-nous alors seuls ou très rares ? La Terre serait-elle une « violation colossale du principe de Copernic », comme l’estime le cosmologiste ? Ou est-elle une violation plus légère comme le propose Erik Zackrisson, le principal auteur de ces recherches ? Ce dernier tient à préciser qu’un grand flou et beaucoup d’incertitudes demeurent dans nos connaissances : « Soit nous sommes le résultat d’une loterie très improbable soit nous n’avons pas compris comment fonctionne la loterie » (...)