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Etudiants, retraités et femmes seules avec enfants seraient victimes des « migrants » : les gros mensonges du FN
Article mis en ligne le 27 novembre 2016

Qui sont donc Sandra, Pierre et Julie ? Si l’on en croit les nouvelles affiches signées « Les jeunes avec Marine », ce sont des citoyens français – une mère célibataire sans domicile, un agriculteur à la retraite, et une étudiante – lésés par les migrants, ou par les politiques sociales qui favoriseraient les immigrés aux dépens des Français. Ceux-ci leur prendraient le logement auxquels ils ont droit ou percevraient davantage d’aides sociales, tel est le message distillé. Sauf que les problèmes que ces Français rencontrent n’ont rien à voir avec l’immigration, loin de là. Et les arguments du FN ignorent totalement les véritables solutions pour sortir les jeunes et moins jeunes de la précarité.

Intox n°1- Les migrants prendraient les logements des étudiants (...)

Il y a 150 000 chambres universitaires en France pour 1,2 million d’étudiants. La grande majorité doit se loger dans le parc privé. Résultat ? « Les étudiants sont de plus en plus nombreux à être en grande précarité pédagogique du fait du poids du logement sur leur budget : en moyenne 50% », estime Fabio Cioni. Ce qui n’empêche pas des associations d’étudiants d’aider les migrants à passer leurs diplômes en France plutôt que de distiller des mensonges.

Intox n° 2 - Un demandeur d’asile serait mieux aidé qu’un agriculteur retraité (...)

Chaque année, près de 500 agriculteurs se suicident et 10 000 cessent leur activité. Les demandeurs d’asile n’y sont évidemment pour rien.

En France, ces derniers ne peuvent pas travailler tant que le statut officiel de réfugié, délivré par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) selon des critères de plus en plus stricts, ne leur a pas été accordé. En attendant, ils reçoivent l’allocation pour demandeur d’asile : de 200 à 340 euros par mois selon qu’ils sont logés, ou non, dans un centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada).

Plutôt que de stigmatiser les étrangers, de nombreux agriculteurs inventent de véritables solutions face à la crise qui frappe les campagnes. Certains s’organisent en coopérative, comme dans l’Aubrac, pour mieux rémunérer les éleveurs. D’autres choisissent l’élevage bio et non industriel, comme cette famille installée en Auvergne.

Les difficultés qu’ils rencontrent ne les empêchent pas de faire preuve de solidarité. Les agriculteurs membres du réseau Accueil paysan ouvrent leurs fermes aux personnes défavorisées : jeunes maltraités, enfants et adultes handicapés (lire ici). Cédric Herrou, agriculteur à Breil-sur-Roya (Alpes-Maritimes), risque lui la prison pour avoir recueilli bénévolement des migrants, mal équipés pour la marche et le froid, qui tentaient de franchir la frontière escarpée entre la France et l’Italie (lire ici). Des engagements bien plus utiles que les diatribes des « jeunes avec Marine ».

Intox n° 3 - Les immigrés s’accapareraient les logements sociaux (...)

Là encore le problème ne vient pas des immigrés. Les budgets alloués par l’État à l’accueil et à l’hébergement des femmes en difficultés sont trop serrés. Ils sont même parfois en diminution, comme c’est le cas pour de nombreuses autres associations (voir notre enquête ici). Certaines collectivités locales choisissent aussi de tailler dans ces budgets sociaux. Certains centres doivent fermer leurs portes, comme Regain, à Strasbourg, contraint d’éconduire les femmes qu’il accueillait suite à une coupe budgétaire du département, dirigé par Frédéric Bierry (Les républicains), où siègent trois élus FN... (...)

Certaines communes refusent de remplir leurs obligations en matière de constructions sociales. Des villes très riches comme Neuilly-sur-Seine en comptent moins de 5% alors qu’elles sont tenues par la loi à un taux de 20%. En PACA, 18 villes ont été mises sous surveillance par le gouvernement pour leur trop faible effort en faveur des HLM. Parmi ces communes qui n’aident pas les ménages en difficulté à se loger : Fréjus – 9,9% de HLM – dirigée depuis 2014 par David Rachline (FN), le directeur de campagne de Marine Le Pen pour la présidentielle 2017. Et si « Sandra » allait frapper à sa porte ?