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Reporterre
Et si le Lyon Turin était justifié ?
/courriel à Reporterre
Article mis en ligne le 12 mars 2013

Le député Dominique Dord justifie son opposition au projet Lyon-Turin par la baisse du trafic de fret à travers les Alpes du Nord depuis une dizaine d’années : de 35 à 20 millions de tonnes par an. Mais est-il sérieux de s’en tenir à cette observation sommaire (« les marchandises passent ailleurs ») et de ne pas s’interroger sur les raisons de cette baisse ?

La crise économique a sans doute freiné les échanges intra-européens, mais ce n’est pas la raison principale (curieusement, le député ne s’étonne pas que le trafic de fret à travers l’ensemble de l’arc alpin ait doublé, passant de 50 à plus de 100 millions de tonnes par an).

L’explication est ailleurs :

 les péages imposés aux tunnels routiers du Mont-Blanc et du Fréjus ainsi que sur les autoroutes d’accès sont devenus très élevés et ont incité les transporteurs routiers à se reporter sur d’autres itinéraires, la Suisse mais essentiellement la Côte d’Azur ;

 le tunnel ferroviaire du Mont-Cenis a été en travaux pendant près de dix ans et mis alors provisoirement à voie unique, si bien que le trafic de fret a été quasiment interrompu (il a cependant été possible de démontrer la pertinence technique de l’autoroute ferroviaire mise en place entre Aiton et l’Italie).

Par ailleurs l’argumentaire de Dominique Dord présente de graves lacunes, comme celui publié récemment par la Cour des Comptes.

 Pas un mot sur les nuisances pénibles (bruit, pollution de l’air, insécurité) générées par un trafic de poids lourds qui reste considérable (2,7 millions de poids lourds par an contre 1,2 seulement à travers la Suisse), et subies par les habitants de la Maurienne, de la vallée de Chamonix, de la Côte d’Azur et les riverains des axes routiers d’accès à ces régions.

 Pas un mot sur les nombreux projets d’augmentation des capacités routières si une alternative ferroviaire crédible n’est pas offerte aux chargeurs : le deuxième tube du tunnel du Fréjus en cours de reconstruction, la rocade de Chambéry, l’élargissement de l’A43 et de l’A8. Pas un mot sur la légalisation récente de la circulation des camions de 44 tonnes, qui renforce de 10% la compétitivité de la route face au rail.

 Pas un mot sur l’obsolescence de la vieille ligne de la Maurienne, incapable de provoquer un basculement significatif du trafic routier sur le rail (...)