
En un peu plus d’un mois la France a rejoint la couverture vaccinale d’Israël et le peloton de tête des pays les mieux vaccinés au monde (on peut dater la première évocation de son instauration au 12 juillet, date du discours présidentiel en France). Qui l’eut cru ? La deuxième promesse sera évaluable d’ici quinze jours ou trois semaines, ce sera l’effet de l’usage étendu du passe sanitaire sur la quatrième vague que connaissent les pays d’Europe de l’Ouest cet été. Le taux de reproduction effectif Re s’est cassé en France comme en Italie. Va-t-il durablement se situer au-dessous de 1, c’est à dire à 0,9 ou encore moins et ainsi l’usage étendu du passe sanitaire aura joué le rôle d’un véritable confinement (ici uniquement des personnes non vaccinées), sans ses impacts sociaux et économiques désastreux. La troisième promesse pourra s’évaluer cet automne et cet hiver si le maintien de l’usage étendu du passe sanitaire permet d’éviter le retour à des confinements auxquels les pays voisins seraient obligés de recourir parce que le virus et ses variants reviendraient à des niveaux menaçant leur système de santé. On pourra aussi mesurer son acceptabilité auprès de la population et comparer les mesures prises par les Français, les Italiens et les autres pays européens et leurs effets respectifs sur la pandémie, la vie sociale, éducative, et la situation économique de ces pays.
La population se rend compte de l’imprédictibilité de cette pandémie depuis le début. Nous faisons tous preuve d’une très grande résilience aussi depuis le début. Qu’il y ait des doutes sur les manières de riposter à la pandémie, qu’il y ait des débats, des oppositions, tout cela fait partie du jeu démocratique. Mais on est en train de passer lentement d’un mode de traitement d’urgence vers un mode qui s’installe sur le plus long terme. Il devrait se produire un certain niveau d’harmonisation entre les pays de même niveau de vie et d’infrastructures sanitaires. Le temps va finir par filtrer les expériences des uns et des autres et conserver les meilleures interventions contre la pandémie, par exemple le séquençage à l’australienne, le traçage rétrospectif asiatique, peut-être le passe sanitaire des Français s’il s’avère efficace, voire dans certaines situations, qui sait, l’obligation vaccinale, l’aération des lieux clos vérifiés par capteurs de CO2, certains modes de contrôles sanitaires aux frontières, le port de masques normalisés, etc… On verra à partir de l’expérience des uns l’intérêt ou l’inutilité dispendieuse de doses de rappels pour les vaccins. On tirera des leçons des tests antigéniques répétés dans les écoles. On en saura davantage sur les types de masques les plus efficaces (FFP2, chirurgicaux, tissu).
Les pays qui ont verrouillé leurs frontières pour maintenir leur stratégie zéro Covid auront envie de desserrer l’étau à l’avenir car cette politique finit par être pesante pour les populations captives des pays correspondants. Les autres qui auront fait tourner la planche à billets pour amortir les conséquences sociales de leurs confinements répétés sauront qu’ils devront trouver d’autres options pour empêcher la saturation de leurs hôpitaux car leurs économies ne se remettraient pas de confiner à nouveau. Bref, le temps des positions idéologiques et solitaires vis-à-vis de la gestion de cette pandémie devrait faire place à une période plus multilatéraliste, partant de bilans rigoureux évaluant les options politiques prises jusqu’à présent, tirant le meilleur de chacune, délaissant les échecs passés, évaluant mieux les paris les plus prometteurs. La science devrait donc continuer d’éclairer la décision publique ces prochains mois, mais d’une manière plus collective, mobilisant les talents et les énergies globales. (...)
Claude-Alexandre Gustave : Les dernières données épidémiologiques israéliennes semblent confirmer :
– la dangerosité du variant Delta
– la nécessité des mesures barrières ou de suppression virale
– l’intérêt d’une 3ème dose (...)
Le "ras-le-bol" semble atteindre son acmé, pourtant si nous n’adaptons pas notre mode de vie, la circulation virale va s’installer durablement à des niveaux élevés, et ainsi favoriser l’évolution virale qui baisse encore l’efficacité vaccinale...
Le système de soins ne va pas pouvoir tenir ainsi, de même que tous les patients qui voient leurs soins programmés sans cesse repoussés pour redéployer les ressources soignantes vers les unités COVID sous tension...
L’OMS a décrit les méthodes de sortie de crise, et de nombreux pays d’Asie/Océanie les appliquent :
– Tester, Tracer, Isoler rigoureux pour casser les chaînes de contaminations
– Quarantaines aux frontières (pour stopper les variants)
– Lutte anti-aérosols (masques FFP2, ventilation)...
Aussi baisser les risques de contamination au quotidien :
– soit via le pass (appliqué rigoureusement)
– soit via le télétravail, la baisse de la fréquentation des transports, la baisse des jauges dans les écoles, les établissements recevant du public...
Le virus est là, je ne connais ni magicien, ni machine à remonter le temps, il faut donc faire avec ce qu’on a :
– Une vaccination massive
– Des stratégies de suppression virale
– Et une adaptation du mode de vie
Ce propos est probablement devenu inaudible, voire plus ou moins violemment rejeté.
Pourtant, détourner le regard du risque viral ne solutionnera rien et n’évitera pas la saturation hospitalière avec ses effets collatéraux délétères. Les adaptations nécessaires seront d’autant plus légères et donc bien acceptées et appliquées qu’elles sont rapidement déployées (avant l’arrivée de nouveaux variants encore plus difficiles à gérer).