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Mediapart
Essais sauvages de l’IHU : l’Agence de sécurité du médicament saisit la justice
Article mis en ligne le 29 octobre 2021

D’après nos informations, l’Agence nationale de sécurité du médicament a saisi le procureur de la République, considérant que l’institut a mené des études sans respecter la législation. Quant aux premières conclusions de l’enquête lancée par l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille à la suite de nos révélations sur l’expérimentation sauvage contre la tuberculose, elles confirment nos informations.

(...) D’après nos informations, l’Agence nationale de sécurité du médicament a saisi le procureur de la République, considérant que l’institut a mené des études sans respecter la législation. Quant aux premières conclusions de l’enquête lancée par l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille à la suite de nos révélations sur l’expérimentation sauvage contre la tuberculose, elles confirment nos informations. (...)

À la suite de nos révélations sur une expérimentation sauvage contre la tuberculose lancée par ce dernier, l’ANSM précise avoir demandé à l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) « l’ensemble des éléments recueillis dans le cadre de leur enquête interne portant sur des prescriptions hors AMM [autorisation de mise sur le marché –ndlr] pour le traitement de la tuberculose multirésistante. Selon ces éléments, nous pourrions être amenés à prendre des mesures complémentaires, notamment pour assurer la sécurité des patients traités dans ce cadre ».
(...)

L’AP-HM affirme en effet que « plusieurs patients porteurs de tuberculose ont été traités par la combinaison d’antibiotiques mentionnée » dans notre enquête. À savoir : quatre médicaments, dont deux, la minocycline et la sulfadiazine, ne figurent pas dans les recommandations internationales et nationales. Leur efficacité contre la tuberculose n’a jamais été démontrée ni même évaluée. De surcroît, la sulfadiazine a provoqué des « complications rénales » chez plusieurs patients, dont « au moins un d’entre eux a nécessité une intervention chirurgicale », précise l’AP-HM.

Concernant l’illégalité de ce traitement, l’AP-HM rappelle que « l’IHU Méditerranée Infection a délivré ces traitements, en l’absence d’essai ouvert », n’ayant eu aucune autorisation de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). L’AP-HM confirme qu’une demande d’autorisation avait été faite. Et, comme nous l’avions révélé, cette demande avait été abandonnée à la suite des réserves et des remarques émises par l’Agence de sécurité du médicament.

L’AP-HM annonce que l’enquête se poursuit « en lien avec les autorités de tutelle compétentes, notamment l’ANSM ». Elle devra notamment faire la lumière sur les signalements parvenus au centre régional de pharmacovigilance de Marseille-Provence, mais dont n’a pas eu connaissance l’AP-HM. 

Contrairement aux propos du professeur Didier Raoult, dans une vidéo publiée le 26 octobre, la prescription de ce traitement ne peut être justifiée comme une prescription hors AMM. En effet, pour soigner un patient atteint de tuberculose (qu’elle soit à bacille sensible ou multi-résistante, c’est-à-dire résistante aux antibiotiques), des traitements existent. (...)