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Essai de pataphysique appliquée : La mort n’est pas une propriété systémique.
mercredi 20 août - par GéraldCursoux
Article mis en ligne le 26 août 2014
dernière modification le 20 août 2014

En fait, j’avais vu venir le coup, même si je n’ai pas immédiatement tout compris : j’ai senti qu’un mal-être gagnait tout mon corps ; puis j’ai eu très mal partout : c’était la courbure du temps. Il était inutile de lutter la partie était définitivement perdue : j’étais mort, un point c’est tout. Einstein - ce cher Albert qui semble poursuivre une réflexion hors du temps et de l’espace -, m’a regardé avec un petit sourire en coin qui en dit long sur l’affaire pour me faire comprendre que la courbure du temps n’est pas une propriété de la matière, que c’est un problème métaphysique ! (...)

Au dernier moment du temps j’ai vu mon dernier espace, un point lumineux qui devenait tout noir. J’ai pensé encore une fois comme un être vivant - et cela n’est pas été très original -, j’ai pensé que c’était foutu ! Mais il faut que je vous dise ce qui s’est passé, comment je suis devenu subitement mort, car on se fait des idées fausses sur cette transition, qui est pourtant très courante.

Oui, il faut que je vous dise ce qui s’est passé. Il s’agit d’un changement de phase, ni plus ni moins : de la même façon que H2O passe de l’état liquide à l’état gazeux, ou encore l’électron d’un état de haute énergie à un état de basse énergie en émettant des photons, de la même façon on passe du vivant à la mort. Il y a brisure ou encore perte de symétrie : la perte de la vie n’est en fait rien d’autre qu’une perte de symétrie.

C’est une situation de type fractal : passer d’une loi de la matière biologique vivante de haute énergie à une loi de la matière organique morte de basse énergie. J’ai donc subi une transition de phase, c’est à dire le passage brutal d’une loi à une autre : de la loi du vivant (qui me convenait tout à fait) à la loi de la mort (que je n’avais pas demandée et à laquelle je dois me faire, que je le veuille ou non !). J’étais très organisé avec des atomes en bon ordre jusqu’aux extrémités de mon corps ; et cette organisation s’est réduite à celle de la dimension d’un atome virtuel : je ne suis plus organisé.

Donc, comme dit le vulgum pecus, je suis mort ! Ce passage s’est fait brutalement, à mon insu en quelque sorte, alors que je ne demandais rien à personne ! Rien donc de très nouveau : on (qui est « on » ?, reste une question codicillaire que je n’aborderai pas ici) a fait varier un peu une petite cause et il y a eu de grands effets ! Ce changement d’échelle dans l’organisation est tel qu’on ne peut pas appréhender la mort à partir du vivant. Ce n’est pas parce que je sais tout de l’amibe que je peux projeter l’éléphant ; ce n’est pas parce que je sais tout du vivant (et encore il ne faut pas être trop regardant !) que je peux connaître la mort. (A bon entendeur salut !)

Le passage n’est donc pas dans les lois du vivant, mais dans la brisure, le fractal : les propriétés varient de manière discontinue. Le passage à la mort c’est comme dans les fluides, une turbulence : on n’explique pas la turbulence par le changement dans l’écoulement : subitement apparaît quelque chose de nouveau - la turbulence -, qui répond à d’autres lois ! (...)