Ces huit derniers jours, des centaines de milliers d’Espagnols sont descendus dans les rues. Dans de nombreuses villes du pays, les places ont été le théâtre de grands rassemblements. Les manifestants protestent contre le chômage de masse et la politique d’austérité du gouvernement. Les « experts » pro-capitalistes ont été complètement pris par surprise. Ils disaient la jeunesse apathique et apolitique.(...)
Du jour au lendemain, la prétendue indifférence s’est transformée en son contraire. Un nouveau type de politique est apparu : la politique de la rue. Les messieurs-dames du Parlement en sont horrifiés, car ils se considèrent comme les représentants suprêmes de la Nation. Mais la véritable Nation n’est pas au Parlement. C’est la classe ouvrière et la jeunesse d’Espagne.(...)
Le mouvement a gagné plus de 150 villes du pays. C’est un appel au changement, un cri d’indignation de gens qui sentent que personne ne les représente et ne les écoute. Ils ne manifestent pas seulement contre le gouvernement, mais contre le système et toute la classe politique qui le soutient.(...)
Les élections de dimanche ont été marquées par une complète débâcle des socialistes, notamment en Catalogne et en Andalousie, leurs deux plus importants bastions. Immédiatement, des pessimistes ont déclaré que ces résultats indiquent un « tournant à droite » dans l’opinion. Ils se plaignent du « faible niveau de conscience des masses ». Ces gens sont toujours prêts à blâmer la classe ouvrière pour leur propre impuissance. Ils ne comprennent rien au processus réel à l’œuvre dans la société.
En réalité, ce résultat électoral était prévisible. La politique du réformisme ne survit jamais à la crise du capitalisme. Dès que la classe dirigeante fait claquer son fouet, les dirigeants socio-démocrates s’exécutent avec ferveur. Et dans leur empressement à sauver le système capitaliste, ils en oublient toutes les réformes et se livrent à une politique de contre-réformes.(...)
Les travailleurs espagnols ont infligé un vote de défiance au gouvernement socialiste, qui s’était soumis aux dictats des banquiers et des capitalistes. On ne peut pas vraiment parler d’une victoire de la droite, bien qu’elle ait formellement remporté le scrutin. Elle fait à peine 2 % de plus qu’en 2007 (en mobilisant les classes moyennes sur les thèmes du terrorisme, de l’immigration, etc.). En revanche, le PSOE a perdu 4,5 millions de voix. Ces élections n’ont pas été gagnées par le PP, mais perdues par le PSOE. Des millions d’Espagnols se sont abstenus ou ont voté « blanc ».(...)
Le même phénomène se répète à travers l’Europe. Depuis le début de la crise, tous les gouvernements ont subi des défaites électorales – sans pour autant que la gauche communiste ou ex-communiste progresse dans les mêmes proportions. Il faut se demander pourquoi. Par le passé, les Partis Communistes auraient été les premiers bénéficiaires d’un effondrement du vote socialiste. Or ce n’est pas le cas aujourd’hui.(...)
Trop de membres de la prétendue « avant-garde » sont convaincus que la révolution socialiste est impossible.(...) Wikio