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Espagne : L’enjeu de l’audit de la dette des municipalités et du manifeste d’Oviedo. Désobéir aux créanciers pour rompre avec l’austérité
Article mis en ligne le 19 novembre 2016
dernière modification le 12 novembre 2016

L’expérience démontre que des mouvements de gauche peuvent parvenir au gouvernement sans pour autant arriver réellement au pouvoir. La démocratie, c’est à dire l’exercice du pouvoir par le peuple et pour le peuple, requiert bien davantage. Le problème s’est posé en Grèce en 2015 avec Syriza et se posera à l’avenir avec les forces du changement en Espagne et dans d’autres pays européens.

(...) Il est illusoire de penser pouvoir convaincre les autorités européennes et les dirigeants des grandes entreprises (principalement financières et industrielles) d’abandonner le cours néolibéral qui a été renforcé depuis 2010. (...)

L’expérience démontre que des mouvements de gauche peuvent parvenir au gouvernement sans pour autant arriver réellement au pouvoir. La démocratie, c’est à dire l’exercice du pouvoir par le peuple et pour le peuple, requiert bien davantage. Le problème s’est posé en Grèce en 2015 avec Syriza et se posera à l’avenir avec les forces du changement en Espagne et dans d’autres pays européens. (...)

Le pouvoir économique (la propriété et le contrôle des groupes financiers et industriels, des grands moyens de communication, des grandes enseignes commerciales, etc.) demeure entre les mains de la classe capitaliste, c’est à dire le 1 % le plus riche. Cette classe capitaliste contrôle l’État, le pouvoir judiciaire, les Ministères de l’Économie et des Finances, la Banque centrale... En Grèce et en Espagne, comme dans d’autres pays, un gouvernement déterminé à exercer des changements structurels devra entrer en conflit avec le pouvoir économique pour affaiblir et ensuite mettre fin au contrôle de la classe capitaliste sur les grands moyens de production, de services, de communication et sur l’appareil d’État.

Si les gouvernements de gauche veulent réellement rompre avec les politiques d’austérité et les privatisations qui ont cours actuellement dans toute l’Europe, ils entreront immédiatement en conflit avec les puissantes forces conservatrices tant au niveau national qu’au niveau européen. Et ce par le simple fait d’affirmer que le gouvernement désire appliquer les mesures demandées par la population qui rejette l’austérité. Chaque gouvernement véritablement de gauche fera face à une dure opposition des instances européennes, de la majorité des gouvernements de l’Union européenne ainsi que des dirigeants et grands actionnaires des principales entreprises privées, sans oublier le FMI.

Même en autolimitant son programme de changement, chaque gouvernement de gauche fera face à une forte opposition. (...)

Les gouvernements de gauche devront désobéir aux créanciers, aux autorités européennes et au FMI (lesquels se confondent largement) pour respecter leurs promesses électorales. Le degré de rejet de l’austérité et des politiques européennes est tel qu’il permet à ces gouvernements de gauche de bénéficier d’une légitimité et d’un appui considérable. Le refus du paiement d’une partie substantielle de la dette constituera un élément clé dans la stratégie du gouvernement, de même que la décision de mettre fin aux privatisations et de rétablir pleinement les droits sociaux affectés par les politiques d’austérité. Il s’agit là d’une combinaison vitale.

La réduction radicale du stock de la dette et la diminution drastique de la partie du budget consacrée au paiement de la dette est une condition sine qua non pour pouvoir augmenter massivement les dépenses sociales et les investissements nécessaires pour financer la transition écologique et la création d’emplois. (...)

Un gouvernement de gauche doit socialiser le secteur bancaire (c’est à dire procéder à l’expropriation du capital des grands actionnaires privés et transformer les banques en un service public sous contrôle citoyen |3|). Il doit par ailleurs prendre des mesures strictes de contrôle des mouvements de capitaux, collecter un impôt sur le patrimoine du 1 % le plus riche, refuser les emprunts conditionnés à la poursuite de l’austérité et des privatisations, refuser le paiement d’une dette largement illégitime, illégale, insoutenable du point de vue de l’exercice des droits humains, y compris odieuse. L’audit de la dette avec participation citoyenne active est l’un des nombreux instruments dont dispose un gouvernement de gauche pour favoriser la participation et le soutien de la population et qui lui permet en même temps de renforcer sa position face aux créanciers. L’audit a pour objectif d’identifier la partie de la dette qui ne doit pas être remboursée, en d’autres termes qui doit être répudiée. (...)