
Dans l’Hexagone, près de 130 services d’urgences sont en grande difficulté, souffrant principalement de manque de personnel et de lits, selon le syndicat Samu-Urgences de France (SUdF).
Depuis le centre hospitalier de Carcassonne (Aude), Nathalie Cantié, infirmière sur le plateau technique de cardiologie et de soins d’urgence, note depuis plusieurs semaines qu’une nouvelle patientèle consulte au sein de l’établissement. "Des estivants" arrivés dans la région pour leurs vacances, et entraînant, selon cette élue du personnel CFDT, une augmentation de 15% des hospitalisations depuis le mois de juin. La quinquagénaire, vingt ans d’exercice à l’hôpital de Carcassonne, évoque ce patient de 70 ans ayant fait un malaise dans sa piscine, en plein soleil à 17 heures. La chaleur provoque "des charges supplémentaires sur les urgences, avec des répercussions sur les services", explique-t-elle.
Le centre hospitalier de Carcassonne fait partie des 127 établissements de santé français dont les services d’urgences sont en grande difficulté, selon une liste réalisée par le syndicat Samu-Urgences de France (SUdF) que franceinfo a pu consulter. D’après cette liste, environ 90% des hôpitaux en tension manquent de personnel médical, quand 47% font face à un manque d’aides-soignants, d’infirmiers ou de personnel administratif, entre autres. Face à la nouvelle vague de chaleur qui s’abat sur l’Hexagone – en parallèle de la septième vague de Covid-19, plusieurs soignants dans ces centres de soins en crise sont inquiets.
"Je ne sais pas comment on va tenir l’été" (...)
"comment prendre soin des personnes âgées si nous n’avons pas les effectifs nécessaires ?" (...)
"La priorité, c’est la ligne des structures mobiles d’urgence et de réanimation. Quand le médecin (urgentiste) sort, il reste l’équipe paramédicale et un anesthésiste mais il n’y a plus de médecin au service des urgences à l’hôpital."
Angélique Lebrun, aide-soignante et secrétaire CGT de l’hôpital d’Oloron-Sainte-Marie, à franceinfo (...)
"Je pense qu’on va perdre certains patients."
Agnès, aide-soignante aux urgences adultes de l’hôpital Pellegrin, au CHU de Bordeaux, à franceinfo (...)
Aux urgences de Pellegrin à Bordeaux, soignants et patients subissent directement les températures élevées de l’extérieur. Le service n’a pas de dispositif de climatisation, seulement des ventilateurs. "Imaginez, on avoisine les 34°C là, relate Agnès. Je sors du travail, je suis en nage." Lors de l’épisode de canicule en juin, "il a fallu aller demander des ventilateurs, des humidificateurs pour rafraîchir les patients." Mais avec ce nouvel épisode de fortes chaleurs, Agnès craint de voir des patients se déshydrater aux urgences, sans compter un éventuel afflux de personnes touchées par la canicule. "Je pense qu’on va vers la catastrophe" (...)
"En 22 ans d’activité en tant qu’aide-soignante, c’est la première fois que je ressens tant d’inquiétude pour l’été. Je crains qu’il y ait des morts."
Angélique Lebrun, aide-soignante et secrétaire CGT à l’hôpital d’Oloron-Sainte-Marie, à franceinfo (...)
La septième vague de Covid-19 vient ajouter une complexité supplémentaire à la donne. Plusieurs soignants assurent qu’à ce stade, la reprise de l’épidémie de Covid-19 reste "gérable" à l’échelle de leurs services. Pascal Gaubert en est toutefois convaincu : "Si la vague devait frapper, on serait dans une difficulté extrême."