
A force de parler des tableaux, on a presque fini par oublier que le pillage des Nazis s’est aussi porté sur les ouvrages de ceux dont ils voulaient détruire les rites, la religion, l’histoire, la culture et l’existence : les juifs. Mais aussi les autres ennemis du IIIe Reich, les communistes et les francs-maçons.
(...) C’est à la Libération que l’on prend vraiment la mesure du pillage des bibliothèques par les Nazis : « La tâche la plus considérable pour la sous-commission fut le retour des livres retrouvés dans les dépôts allemands », écrit dans ses mémoires Jenny Delsaux.
Bibliothécaire à l’Université de Paris, elle a intégré fin 1944 la sous-commission des livres, un des services de la CRA (Commission de récupération artistique). Une note du service des études du Premier ministre datée d’avril 1949 précise :
« Les caisses sont arrivées par milliers, de nouvelles caisses affluent sans cesse, le nombre de volumes identifiés, attribués et restitués dépasse 350 000, sans compter les papiers et archives privées (…) le rayonnage nécessaire au classement représente une longueur de 14 kilomètres. »
Au final, quelque 780 000 ouvrages reviennent d’Allemagne et d’Europe de l’Est, et encore n’est-ce là qu’une infime partie du pillage organisé par les Nazis. (...)