
Nous sommes un frère et une sœur, éduqués par une mère homosexuelle. Nous avons vécu avec un couple de femmes une grande partie de notre enfance et toute notre adolescence. Nos propres enfants grandiront avec un exemple de couple homosexuel dans la famille.
Nous n’avons aucune prétention à dire ce qui est bien ou non. Nous souhaitons juste faire savoir que l’argument de la protection des enfants, souvent utilisés par les opposants à l’adoption par des couples homosexuels, n’est pas recevable s’il est avancé par des personnes n’ayant pas connu cette expérience. Qui sont ces gens qui parlent à notre place ?
« Non à un bouleversement dangereux »
Un collectif opposé à l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples homosexuels appelle à manifester ce samedi dans toute la France pour s’opposer au projet de loi sur le mariage et d’adoption « pour tous », adopté mercredi en conseil des ministres.
Baptisé La Manif pour tous, il invite les manifestants à s’habiller en « bleu, blanc, rose » pour dire « non à un bouleversement majeur et dangereux » qui « ignorera désormais les deux piliers de l’identité humaine : la différence sexuelle et la filiation ».
Nous souhaitons faire entendre notre voix, parce que nous nous sentons insultés, stigmatisés et marginalisés. Sommes-nous déséquilibrés ? (...)
L’argument du modèle homme-femme ne tient plus non plus, si on considère que la famille ne se réduit pas à deux adultes et un enfant. La famille, c’est aussi des oncles, des tantes, des cousins, des grand-parents, des frères, des sœurs, voire des amis. Le cadre familial, ce n’est pas juste trois ou quatre individus qui vivent reclus entre eux.
L’enfant connait donc le schéma hétérosexuel. Il a forcément des échanges avec des personnes qui ont une sexualité et un environnement plus « communément admis ».
Nous avons été aimés, et toutes les personnes qui nous entourent et nous ont entourés n’ont souhaité que le meilleur pour nous. Nous avons appris la générosité, la tolérance et l’altruisme, puisque nous avons évolué en plein cœur de ces principes. Et nous sommes fiers de cette éducation. Cela ne suffit-il pas à faire de nous des personnes épanouies ?
La seule chose qui aurait pu nous déséquilibrer, et là c’est l’expérience qui parle, c’est le regard homophobe d’une société et d’une grande partie de ceux qui la composent. (...)