
(...) J’appelle tous ceux qui continuent à vouloir évoquer les relations entre la France et l’Afrique en parlant de Françafrique à changer de vocabulaire. (François Fillon, discours du 15 juillet 2011 à Abidjan)
Maintenant que nous savons que c’est Robert Bourgi, un des grands parrains encore vivant de la Françafrique, qui payait les costumes de Fillon à 7 000 euros pièce, cette communication de Fillon montre le grand savoir-faire mensonger dont cet homme est capable, lui qui, malgré sa mise en examen, ose se présenter à la présidence de la République française en mai 2017. Bien que non-croyants, prions, mes frères et sœurs d’Afrique et d’ailleurs, pour que super-menteur ne devienne jamais président de la Françafrique.
Le système Françafrique en bref
La France, depuis de Gaulle et les indépendances des pays colonisés par notre pays, participe à travers des réseaux secrets voire mafieux (Foccart, Pasqua, « Papamadit », fils de Mitterrand, etc.) à des coups fourrés voire des assassinats de chefs d’État et des guerres néocoloniales, particulièrement en Afrique francophone.
En imposant un corruptible à la place d’un démocrate nationaliste, la France oriente la politique et l’économie de ces pays en faveur des entreprises et multinationales françaises extractivistes : le pétrole en est le cas le plus emblématique. La corruption a été majoritairement pratiquée à travers des prêts détournés par ces dirigeants avec l’assentiment des pays prêteurs comme la France.
Ces dettes illégitimes, remboursées par les peuples, les ont durablement appauvris. Elles ont aussi été le vecteur de la dévastation de leurs richesses naturelles. Pour rembourser des emprunts qui n’avaient pas été investis, il suffisait d’exporter de l’or, du bois, du cuivre, du pétrole, du cacao, mais attention, en brut, sans transformation et à travers une entreprise française, si possible.
Plus-values et emplois industriels étaient et sont encore réservés aux pays dits « développés » ou plutôt néocoloniaux, comme la France. Cela avec l’accord des bourgeoisies et dirigeants locaux qui prélèvent un fort pourcentage. Ainsi, ces gouvernants en sont venus à diriger leur pays non pour le bien être de leur peuple mais pour le bien de multinationales étrangères, et bien sûr aussi le leur : c’était le but, c’est ça la Françafrique !
Cela n’a jamais cessé depuis un demi-siècle, malgré les dénégations de tous les présidents français lors de leur investiture. Lumumba assassiné au Congo-Kinshasa en 1962 a été remplacé par Mobutu l’hypercorrompu. Après la guerre atroce menée par la France au Cameroun avant son indépendance, Ahmadou Ahidjo, devenu président en 1958, est remplacé arbitrairement en 1982 par Paul Biya, président-dictateur toujours au pouvoir en 2017.
Thomas Sankara, qui refusait ces politiques impérialistes et voulait l’autonomie de son pays, a été assassiné en 1987 par Blaise Compaoré le corrompu, qui, éjecté du pouvoir en 2014 par une révolte populaire, a pu se réfugier au Maroc grâce à la protection du président Hollande. (...)
La Françafrique ne disparaîtra que par la lutte associée des peuples de France et d’Afrique, conscients des drames humains, (pauvreté, migrations), des vols (matières premières, accaparements de terres, poissons, etc) et des désastres environnementaux (réchauffement, déforestations) que ces politiques néocoloniales entraînent. Nous appelons tous ceux et celles qui continuent à vouloir abolir les relations néocoloniales entre la France et l’Afrique à maintenir et renforcer leurs luttes.