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Rue 89
En Patagonie, les Chiliens se révoltent pour défendre leur eau
Article mis en ligne le 19 mai 2011

C’est avec ces cris et des banderoles plein les rues que des dizaines de milliers de manifestants défilent depuis plus d’une semaine dans les grandes villes du Sud du Chili, et principalement en Patagonie, où les carabiniers les ont violemment réprimés. Ils protestent contre HidroAysén, un projet de construction de cinq méga-barrages hydro-électriques.

« Non à HidroAysén »

Ce slogan signifie qu’ils ne veulent pas que la Patagonie meure. Cette région du bout du monde est l’une des rares encore intactes de la planète et représente la troisième réserve d’eau douce dans le monde. (...)

Autant dire un coup mortel pour la région d’Aysén, qu’on appelait depuis 26 ans, la « réserve de vie », étant donné les efforts poursuivis pour y défendre un style de vie tourné vers le « vivre ensemble » et le respect de la biodiversité.

Les lignes haute-tension traverseront :

 six parcs nationaux, dont celui de la Lagune San Rafaël, classé réserve de biosphère par l’Unesco ;
 onze réserves, dont celle de Pumalín ;
 32 propriétés qui protègent la nature.

(...)

Ce que les manifestants refusent, c’est que la Patagonie soit sacrifiée par des personnes qui font de sombres calculs dans leurs bureaux de Santiago et de Rome sans tenir compte du devenir de toute une région et de ses habitants.

Les Patagons manifestent contre le fait que le futur de toute cette région se trouve entre les mains d’une multinationale étrangère et que le gouvernement chilien ne les protège pas, au contraire. (...)

la commission chilienne d’études sur l’environnement, constituée essentiellement de fonctionnaires publics (dont certains ont d’ailleurs démissionné dernièrement) a émis un avis favorable lundi dernier 9 mai 2011, ne tenant compte d’aucune incidence de la construction des barrages sur l’environnement. Ni d’ailleurs des 3 000 observations citoyennes des Patagons.

Et que l’étude d’impact sur l’environnement qui considérait ce projet comme « non conforme » le 26 avril à 13h30, est devenu « conforme » à 14h, comme par enchantement, après l’intervention de fonctionnaires du gouvernement très haut placés. (...)

Le Chili est sans doute l’un des rares pays au monde où l’eau peut appartenir à des multinationales étrangères.
(...)

Que ce projet aboutisse semble être acquis pour l’Italien Enel, vu que bien avant que l’étude de l’impact sur l’environnement soit mystérieusement approuvée, les investissements avaient déjà commencé pour l’alignement des pylônes.

Sans oublier que la fondation de l’épouse du président, Cécilia Morel, vient de recevoir une donation d’un million d’euros de la part de HidroAysén.

Et que l’actuel ministre de l’énergie et des mines, Laurence Golborne, qui appuie de tout son poids le projet HidroAysén, avait été pressenti à la direction de HidroAysén avant de devenir ministre des mines de l’actuel gouvernement… En pleine crise d’HidroAysén, il vient de prendre des vacances, montrant au passage « l’énorme intérêt » qu’il porte à cette affaire.

Peut-on, après ça, parler encore du Chili comme d’un Etat qui respecte ses institutions et ses citoyens ? (...)
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