
Depuis 2006, le 10 mai est la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions. Pourquoi « les » abolitions se sont-elles étalées sur plus de cinquante ans ?
Le mouvement commence, au début du XIXe siècle, par l’abolition, non de l’esclavage lui-même, mais du commerce des esclaves, c’est-à-dire de la traite négrière. Le Danemark, qui est le premier pays à l’interdire en 1803, est suivi, en 1807, par la Grande-Bretagne.
Contrairement à ce que l’on enseigne dans les écoles, la fin de la traite n’intervient pas lors du congrès de Vienne de 1815 : les grandes puissances occidentales se contentent, cette année-là, de s’engager à la supprimer dès qu’elles le pourront. En France, il faudra attendre 1831 pour que la traite soit vraiment abolie. Et la traite de contrebande restera active, jusqu’à la fin du XIXe siècle, entre le Brésil d’une part et l’Angola et le Mozambique d’autre part.
L’abolition de l’esclavage n’intervient que dans un second temps, à partir des années 1830. La Grande-Bretagne le supprime en 1833, la France en 1848. Vient ensuite le tour des Etats-Unis en 1865, de Cuba en 1880 et du Brésil en 1888.
Mais l’esclavage se poursuit, après l’abolition, sous une forme déguisée. A la fin du XIXe siècle, les Français et les Britanniques faisaient ainsi signer à des travailleurs analphabètes recrutés en Afrique des contrats de trois ans aux termes desquels ils s’engageaient à partir... (...)