La sécheresse due au phénomène climatique El Nino et le manque de civisme des habitants forment un duo explosif en Nouvelle-Calédonie, où les incendies ruinent l’environnement de ce point chaud de la biodiversité planétaire.
Depuis le mois de septembre, plus de 9.000 hectares ont été dévastés par les flammes, tandis qu’une femme pilote et un mécanicien d’un hélicoptère bombardier d’eau (HBE) sont morts dans le crash de leur appareil début octobre.
"Nous sommes confrontés à un des phénomènes El Nino les plus puissants depuis les années 1950", affirme à l’AFP Alexandre Peltier, météorologue de Météo France à Nouméa.
Caractérisé par une augmentation anormale de la température des eaux du Pacifique-Est, le long des côtes de l’Amérique du Sud, El Nino se traduit sur le Caillou par une baisse de la pluviométrie et des alizés vigoureux.
"Cela assèche les sols et stresse le couvert végétal", explique M. Peltier. En période El Nino, les pluies de la saison cyclonique, attendues en janvier-février, se font attendre ou sont moins abondantes.
La multiplication des feux de forêt, dont la grande majorité est d’origine humaine, atteste de la disponibilité de la nature calédonienne à se transformer en brasier. (...)
"Nos moyens techniques, humains et financiers sont insuffisants face à cette crise. La sécurité civile est obligée de faire des choix, en donnant la priorité à la protection des personnes et des biens", souligne ce défenseur de la nature.
"Or, quand on laisse des incendies en évolution libre sur un +hot spot+ de la planète, on détruit sa biodiversité et sa ressource en eau", poursuit-il. (...)
Une fois éteints, les feux poursuivent leur action mortifère. Sous l’effet du ruissèlement, les rivières des bassins versants brûlés charrient des apports terrigènes, qui asphyxient poissons et crustacés tandis que la ressource en eau se tarit, faute de sols capables de jouer leur rôle d’éponge.
"Il faut une action globale mais j’ai peur que la Nouvelle-Calédonie se réveille trop tard", s’inquiète le responsable du WWF, une allusion aux Assises du feu en 2006 dont les conclusions sont restées lettre morte.