
Victimes de violences dans leurs pays d’origine, les réfugiés ayant subi des actes de torture ne sont pas assez pris en charge une fois arrivés en France, dénonce jeudi 21 juin un livre blanc (PDF) du centre Primo Levi, l’un des cinq centres français dédiés à l’accueil et au soin des exilés victimes de torture.
Avec au moins 50 000 personnes actuellement "concernées par la torture", sur environ 160 000 réfugiés, "le besoin d’accueil et d’accompagnement adaptés est toujours d’actualité", affirme le livre blanc, évoquant "un constat sans appel" de la part des professionnels : "force est de constater que la France n’est pas à la hauteur de ces besoins", explique-t-il.
(...) En France, même si des consultations spécialement dédiées aux migrants existent – telle la consultation transculturelle de l’hôpital Cochin, à Paris –, aucune structure publique de soin n’est dédiée aux personnes exilées, regrette le centre Primo Levi. "Ce sont essentiellement des structures associatives qui accueillent, soignent et accompagnent ces populations", selon le rapport. (...)
outre les difficultés de financement rencontrées par les centres, le livre blanc met en avant la précarité sociale et administrative dans laquelle de nombreuses victimes de torture vivent actuellement. (...)
Concernant les soins en eux-mêmes, enfin, le centre Primo Levi appelle à une approche globale, préventive et non uniquement curative. "Trop souvent, la prise en charge se limite à une prescription de médicaments sans proposition d’accompagnement psychothérapeutique", regrette le livre blanc, alors que "tout l’enjeu des soins est de soulager les souffrances, d’offrir des perspectives d’un ’vivre après’ la torture et de permettre la sortie du statut de victime".
Cela implique une thérapie sur le long terme, flexible et suivant le rythme du patient, conclut le centre. Prendre la mesure du "temps du soin". "Ce qui suppose que le praticien adapte sa pratique et intègre également la possibilité d’un défaut de présence aux rendez-vous (absentéisme ou retard)." (...)