
Sous le prétexte de la crise, les dirigeants capitalistes organisent la privatisation du système de santé.
(...) Il y a quelques années Michael Moore décrivait brillamment dans son film « Sicko » [2007] le marché et les escroqueries du secteur de la santé aux Etats-Unis aux mains de grandes compagnies d’assurance. Pourtant, c’est précisément ce modèle qui est en voie d’être imposé dans l’Etat espagnol.
On voit bien où nous conduira cette politique : 50 millions d’Etats-uniens sont totalement dépourvus de couverture en matière de santé et 64% du total de la population, en 2010, n’ont qu’une assurance privée, laquelle refuse souvent de rembourser les traitements nécessaires. Si vous voulez voir ce qui nous attend, ne manquez pas de voir ce film, car plus qu’un documentaire, c’est un film d’horreur.
Les enveloppes budgétaires adoptées impliquent la coupe la plus importante jamais subie par le secteur de la santé : 7,2 milliards d’euros.
Il s’agit donc d’une offensive en règle contre l’actuel système de santé, avec notamment : la fin du service de santé universel, ce qui marginalise les personnes immigrées sans papiers ; la réduction de diverses prestations sociales ; l’introduction du co-paiement (participation aux frais) dans le domaine de la santé, ce qui nous fait payer deux fois ; et dans certaines régions autonomes, comme en Catalogne, celle d’un double co-paiement, soit un co-paiement par rapport à l’Etat central, en plus d’un co-paiement catalan, puisqu’on doit ainsi repayer ce que nous avons déjà payé sous forme d’impôts. (...)
Aujourd’hui, les travailleurs et travailleuses du secteur de la santé lèvent le pied. A Madrid, il y a déjà eu plusieurs journées de grève, des manifestations massives, des occupations d’hôpitaux comme celui de l’emblématique hôpital La Princesa, où vingt occupations ont eu lieu, la collecte d’un million de signatures dans la population pour la défense du système de santé public, ainsi que de multiples actions comme celle appelée : « embrasse ton hôpital » [occupation-encerclement de l’hôpital]…
Tout cela pour dire « NON » au plan de réforme du système de santé impulsé par la Comunidad de Madrid. Une « réforme » qui prétend, entre autres, privatiser six hôpitaux et 27 dispensaires et imposer une taxe d’un euro par ordonnance. D’après les syndicats, cette réforme entraînerait la perte de 7’000 postes de travail.
Et tout cela alors que ce dimanche, 2 décembre 2012, quelque 50’000 personnes occupant différentes fonctions dans le secteur manifestaient à Madrid pour revendiquer leurs droits en ce qui concerne les impayés de l’administration publique. (...)
A Barcelone, les travailleurs de l’Hôpital de Sant Pau ont commencé il y a trois jours (3 décembre) une occupation d’une durée indéterminée pour s’opposer aux coupes budgétaires. Celles-ci ont entraîné pour cet hôpital la fermeture de 84 lits, une réduction de l’activité des services de radiothérapie et de radiologie, la fermeture de celui de chirurgie, etc., avec la détérioration qui en résulte pour les prestations.
Les protestations contre les coupes salariales, les licenciements et la précarité constituent un autre front. (...)
Et maintenant plusieurs entités sociales ont déposé plainte devant le Tribunal Supérieur de Justice de Catalogne contre le conseiller Boi Ruiz et son équipe. Elles les suspectent d’être mêlés à des délits de trafic d’influences, de non-assistance à personnes en danger, d’activités interdites aux fonctionnaires, etc.
Rentabiliser la santé publique est un des principaux objectifs du capital privé dans l’actuelle situation de crise, laquelle fournit l’excuse parfaite pour appliquer des politiques de privatisation qui étaient planifiées depuis longtemps. Tout comme on cherche à faire des profits avec les secteurs de l’éducation, du logement, des transports publics et en fin de compte avec nos vies.
Les services publics sont en point de mire du pouvoir économique et politique qui les voient comme un grand gâteau qu’ils veulent se partager pour augmenter leur taux de profit. Mais comme on l’a répété à maintes reprises : « la santé publique ne se vend pas, elle se défend ». Un point c’est tout.