
Alors que la monnaie égyptienne connaît une chute historique de sa valeur et que les prix sont propulsés à des niveaux vertigineux, les autorités proposent une solution toute faite : appeler la population à manger des pattes de poulet.
Alors que les prix des produits alimentaires en Égypte ne cessent de grimper, sur fond d’une dégringolade monétaire sans précédent depuis un an, les autorités ont appelé la population à favoriser la consommation de pattes de poulet, une alimentation promue comme “saine pour le corps et le budget”, rapporte The Wall Street Journal (WSJ) dans un reportage sur la situation socioéconomique du pays. (...)
Outre des facteurs internes, notamment une dette élevée, et la pression du Fonds monétaire international (FMI) pour faire flotter le régime monétaire, en partie à l’origine de cette dévaluation, le pays est frappé de plein fouet par la guerre en Ukraine, qui a entraîné une sortie massive de capitaux, “estimée à 20 milliards de dollars”, selon le WSJ. Celle-ci a aggravé le phénomène de dévaluation monétaire et d’inflation, pesant sur la sécurité alimentaire et entraînant de nouveaux segments de la population dans la pauvreté. (...)
“Ces jours sont les pires”
Sur le terrain, ce bond des prix alimentaires – “30 % (en un an) à la fin de novembre” – se fait largement ressentir, et contraint les Égyptiens à ne plus consommer certains produits, y compris les œufs, voire à sauter des repas.
Selon Mohamed Wahba, représentant des bouchers à la chambre de commerce du Caire, cité par le WSJ, les ventes de viande ont chuté d’environ 25 % au cours du mois dernier.
Ahmed Qutb, 53 ans, risque de fermer son étal de volaille, faute de clients. “Le poulet est désormais pour les riches”, lâche-t-il. “Le fait que le gouvernement dise aux gens de manger des pattes de poulet montre à quel point il n’a pas réussi à gérer la crise”, déplore de son côté Mahmoud Ibrahim, 55 ans, professeur de sport dans un lycée. (...)
Outre la viande et le poulet, les Égyptiens consomment aussi moins de légumes et de fruits, comme “les carottes, les pommes de terre, les oignons et les oranges”, affirme Hanem Mohamed, un primeur âgé de 62 ans. (...)
Face à cette situation, de plus en plus d’Égyptiens songent à quitter le pays. C’est le cas de
Hagar Khaled, 30 ans, qui compte déménager aux Émirats arabes unis, où travaille son frère.
Ceux qui restent s’enfoncent chaque jour un peu plus dans la misère. Environ 60 % des 100 millions d’Égyptiens vivent désormais en dessous ou juste au-dessus du seuil de pauvreté. (...)