
Les changements initiés en Birmanie au plus haut niveau de l’Etat ne touchent pas les populations les plus pauvres. Cependant, avec la récente entrée d’Aung San Suu Kyi dans la course électorale, la peur qui hantait les esprits déserte et le rêve de meilleurs lendemains renaît.
(...) Les Birmans aspirent à sortir d’un quotidien difficile et ils sont unanimes : la seule qui peut apporter ce changement, c’est Aung San Suu Kyi. Icône au chignon fleuri, fille du héros national qui a conduit le pays à l’indépendance, elle incarne aujourd’hui l’espoir pour nombre de Birmans qui lui sont reconnaissants d’avoir, comme son père, tant sacrifié pour son peuple.
Sa campagne électorale a drainé des foules impressionnantes. « Daw Suu [manière respectueuse d’appeler Aung San Suu Kyi, ndlr], c’est Daw Suu ! », glisse Zaw Win dans un sourire. « Il n’y a qu’elle pour changer le quotidien des pauvres. » (...)
L’espoir réveillé ces derniers mois par l’assouplissement du gouvernement et plus récemment par la candidature d’Aung San Suu Kyi et de son parti aux élections du 1er avril infiltre surtout le quotidien des travailleurs à Rangoun.
Cho Cho Aung, discrète jeune femme de 28 ans, travaille pour le très politique Institut Bayda, qui forme les jeunes de la LND. Elle vit l’ouverture en cours avec un grand soulagement :
« En un an, les choses ont changé. Chez moi, personne ne milite alors pendant longtemps, j’ai caché à mes parents que je travaillais pour l’Institut, pour ne pas les inquiéter. Mais je vivais dans la peur. Aujourd’hui, cette peur a disparu. »
Htar Htar Ei, qui dirige le programme d’aide humanitaire de Network Activities Group dans la zone sèche à 400 km au nord de Rangoun, constate à son tour qu’elle a « pris confiance » en ce qu’elle pouvait faire.
Davantage de possibilités et de marge de manœuvre : voilà l’impression qui semble bien gagner une société civile particulièrement dynamique, même si la prudence ou le scepticisme s’en mêlent. (...)