
L’Agence Européenne de l’Environnement (AEE) a publié le 22 juillet un rapport sur l’indicateur européen des papillons des prairies de 1990 à 2011. Ce rapport dresse un constat alarmant : en 20 ans, la moitié des papillons des prairies a disparu en Europe.
Cet indicateur a été mis en place par l’Union Européenne afin d’évaluer l’atteinte (ou non) de l’objectif qu’elle s’est fixée concernant l’enrayement de la perte de biodiversité d’ici à 2020. Basé sur l’étude de 17 espèces de papillons des prairies, il est suivi dans 19 pays ou régions européennes. Les premiers pays ont démarré en 1990, tandis que les autres démarrages se sont échelonnés jusqu’en 2006 (...)
« Un déclin particulièrement inquiétant » souligne l’agence. Ce résultat confirme la tendance observée dans la publication précédente de cet indicateur, qui remonte à 2005. Toutefois, on constate des variations importantes entre espèces. Sur 17 espèces suivies, 8 sont en déclin (dont une en fort déclin), 2 sont stables, 1 est en augmentation et l’évolution de 6 espèces reste incertaine.
Comparaison des résultats issus du rapport de l’AEE à ceux issus de l’Observatoire de la Biodiversité des Jardins (...)
Le déclin des papillons des prairies est représentatif pour l’ensemble des papillons d’Europe (les prairies représentent l’habitat principal de 57% des 436 espèces de papillons d’Europe et constituent l’un des habitats pour 380 espèces). Ce déclin est d’autant plus inquiétant que ce groupe est considéré comme un indicateur pour les invertébrés terrestres, qui représentent les deux-tiers des espèces connues sur Terre.
Les causes principales mises en avant pour expliquer ce déclin sont :
• L’intensification de l’agriculture depuis les années 1950 : artificialisation des prairies suite à utilisation d’herbicides et insecticides, mécanisation, suppression des haies,… Dans les cas extrêmes, les prairies deviennent stériles et les papillons sont relégués aux bords de route, réserves naturelles et zones urbaines.
• L’abandon des prairies (déprise agricole). Le retour à l’état de friche favorise provisoirement les papillons puis le milieu se referme et élimine les papillons des prairies.
D’autres facteurs de risques sont avancés, en particulier les changements climatiques (déplacement de populations, plus forte vulnérabilité par rapport aux sécheresses, incendies, etc.).
Que faire pour inverser la tendance ?
Des pistes sont proposées dans le rapport pour inverser la tendance :
• S’appuyer sur le réseau Natura 2000 pour maintenir des zones favorables aux papillons des prairies mais en gérant ces zones par une approche à l’échelle du grand paysage ;
• Promouvoir l’agriculture à « haute valeur naturelle » (HVN) via les aides de la politique agricole commune (PAC) ;
• Promouvoir le maintien d’une activité agricole (pastoralisme) dans les zones en déprise (...)