
C’est dimanche, durant des opérations pour abandonner l’un des seize puits producteurs de la plate-forme Elgin (1), qu’une importante fuite de gaz s’est produite sur ce site producteur à la fois de gaz naturel et d’hydrocarbures liquides. Si au niveau humain, la plate-forme a été rapidement évacuée face au risque d’explosion (ce qui est exceptionnel dans le milieu pétrolier), au niveau environnemental une nappe d’hydrocrabures d’environ 12 km2 s’est progressivement formée. Composée d’un condensat léger, elle devrait toutefois s’évaporer "naturellement" de la surface de l’eau, selon Total, l’exploitant du site.
Aujourd’hui, trois jours après l’accident, les causes de ce dernier demeurent toujours inconnues, tout comme le(s) lieu(x) précis de(s) fuite(s). Il est vrai que l’exploitation du site représente un défi technique que Total a jugé bon de relever dès 2001. En effet, bien que cette plate-forme ne soit pas située dans une zone maritime de grande profondeur (le fond de la mer est situé à 93 m), les gisements se trouvent à quelque 5 300 m sous le plancher marin, dans une zone de fortes pressions (1 100 bars) et de hautes températures (200 degrés Celsius). Si les caractéristiques des gisements exploités par Elgin en font "des sortes de gigantesques cocotte-minute" de l’aveu même de Total, d’autres qualifient le site de "Puits de l’enfer".
malgré une communication qui tend à minimiser la complexité et gravité du problème, Total doit faire face à une situation exceptionnelle et, pour le moment, hors de contrôle. Une position qui commence, accessoirement, à lui coûter cher en bourse avec plusieurs milliards d’euros de valeur d’ores et déjà perdus !
Enfin, alors que le groupe pétrolier tient son rôle avec l’éternel discours bien "huilé" qui prévaut dans ce genre de situation de crise, lequel veut que toutes les mesures nécessaires soient prises pour gérer de façon appropriée la situation et minimiser son impact, l’ancienne ministre de l’environnement, Corinne Lepage, apporte une vision différente. Elle considère en effet que cet accident "... est une nouvelle illustration que l’exploitation des hydrocarbures s’opère dans des conditions de plus en plus extrêmes." (...)