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l’Histoire
Églantine ou muguet ? La bataille du 1er mai
#1ermai #muguet #eglantine
Article mis en ligne le 1er mai 2023
dernière modification le 30 avril 2023

Églantine ou muguet ? La journée du 1er mai a vu, depuis la fin du siècle dernier et jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, s’affronter les partisans des deux fleurs. C’est finalement le blanc muguet, fleur de la Vierge et des amoureux, qui l’a emporté, au détriment de la rouge églantine des socialistes.

Dès la première manifestation du 1er mai, en 1890, un insigne à la boutonnière permettait aux participants de se faire remarquer dans les rues parisiennes. C’était un petit triangle rouge, symbole de la division harmonieuse de la journée en « trois huit » - travail, sommeil, loisir -, revendication initiale du 1er mai [1].

Dès lors, le port d’un signe conventionnel en ce jour sera assimilé à une manifestation à part entière, surtout lorsque le 1er mai tombera un dimanche et que les manifestants tiendront à se distinguer des simples flâneurs. Les commissaires de police prennent l’habitude de surveiller les « boutonnières fleuries » qui, à certaines époques, étaient passibles d’emprisonnement. En 1929, Le Petit Journal se moque de ce que la moindre marque rouge sur les vêtements d’un piéton le rende suspect aux yeux de la police. (...)

Lire aussi

 (le Parisien)
1er mai : comment le muguet a fait oublier l’églantine

(...) Le 1er mai 1890, pour la première « journée internationale des travailleurs », décidée l’année précédente par l’internationale socialiste, les manifestants arborent sur la poitrine un triangle rouge, symbolisant les « trois-huit » de leurs revendications : 8 heures de travail, 8 de sommeil, 8 de loisirs.

L’églantine rouge, qui abonde dans le nord de la France, où s’est déroulé le drame de Fourmies en 1891, supplante vite le triangle à la boutonnière des ouvriers.

La « fleur socialiste », comme on dit alors, rend aussi hommage à Fabre d’Eglantine, inventeur en 1793 du calendrier révolutionnaire et d’une « journée du travail ». Mais une fleur, blanche celle-là, commence à lui faire concurrence au début du XXème siècle, dans les cortèges. Rien de politique à cela : la tradition d’offrir du muguet le 1er mai remonte au roi Charles IX (deuxième moitié du XVIème siècle), qui en avait fait un porte-bonheur. A la Belle époque, le muguet en pleine vogue s’impose comme la fleur du printemps et de l’amour.

Elle fleurit dans les défilés, au point que la presse parle - quand tout se passe sans heurts - des « noces du muguet et de l’églantine ». La seconde va pourtant s’effacer. Pendant les grèves du printemps 1936, lors de l’avènement du Front populaire, les manifestants arborent du muguet tressé dans un fin ruban rouge. En 1941, Vichy bannit définitivement l’églantine en « blanchissant » sa nouvelle « fête du Travail et de la concorde sociale ». Son caractère chômé et férié, décidé par Pétain, sera confirmé après la Libération, en 1947.

 (Ciné Mutins)

L’histoire du premier mai

Synopsis

Le Premier Mai a une histoire. Cette histoire commence le 4 mai 1886 à Chicago. Sur Haymarket Square, lors d’une manif dans la longue lutte pour la journée de huit heures, une bombe explose, des policiers sont tués, huit hommes sont arrêtés et accusés de meurtre.

Extrait du film de Olivier Azam et Daniel Mermet : Howard Zinn, une histoire populaire américaine (Du pain et des roses)

 (Social club)

(...) je vais vous causer boutonnière et botanique en essayant de démêler cet imbroglio qui mêle « Fête du Travail« , muguet et Philippe Pétain ; entre autres fleurs et personnages historiques. je vais vous causer boutonnière et botanique en essayant de démêler cet imbroglio qui mêle « Fête du Travail« , muguet et Philippe Pétain ; entre autres fleurs et personnages historiques. (...)

Or donc, à l’occasion du Premier Mai 1890, pour distinguer les militants du reste de la population, il est demandé aux personnes soutenant la revendication des 8 heures d’arborer un élément rouge à la boutonnière. Et afin d’appuyer l’initiative à Paris, on fait produire des milliers de petits triangles rouges en cuir sur lesquels sont parfois marqués « 1er Mai – 8 Heures de travail » et qui seront vendus quelques centimes par les partis de gauche. 03

La couleur rouge est évidemment choisie en tant que couleur ouvrière et populaire par excellence.
Elle reprend celle du drapeau ou du chiffon arborés dans de nombreux mouvements populaires (...)

Le symbole du triangle rouge avait donc tout pour se pérenniser… mais le premier Mai 1891 modifiât sensiblement cette destinée par l’avènement d’un drame.

Dans la ville de Fourmies, proche de Maubeuge, la grève du premier Mai 1891 est bien suivie parmi les ouvriers et ouvrières du textiles, dont les conditions de travail sont particulièrement insalubres.

Les tensions entre les manifestants et la maréchaussée sont rapidement perceptibles, si bien que dès 9h du matin 4 personnes sont arrêtées. (...)

L’ambiance s’échauffe donc tout au long de la journée, et à 18h des pierres commencent à voler vers les forces de l’ordre.

Armés de leurs tous nouveaux fusils Lebel, les hommes de la troupe tirent, blessant une trentaine de personnes et tuant 9 manifestant⋅e⋅s. 04

À l’image de nombre de jeunes femmes en ce premier jour de Mai, Marie Blondeau porte dans les bras un bouquet de fleurs, symbole du retour des beaux jours. Elle trouve la mort dans cette tragédie, son bouquet d’aubépines à la main. L’image se diffuse, et la fleur sauvage poussant facilement dans les haies devient spontanément un symbole de cette martyr de Fourmies.

Mais chacun y allant de sa fleur sauvage pour rendre hommage au massacre de Fourmies ou montrer sa solidarité envers la cause ouvrière (passant par le coquelicot, le myosotis, les œillets…), c’est le socialiste Paul Brousse qui organisera un concours dans le journal La Petite République Française en 1905, pour désigner ce qui sera « la fleur de Mai ». Et c’est la fleur d’églantine rouge qui remportât ce concours. (...)

le symbole de la fleur d’églantine fut très populaire parmi la classe ouvrière et la gauche du début du XXème siècle. A tel point que l’armé française dût elle même lutter contre ce symbole trop rouge, trop ouvrier, durant la première guerre mondiale, et que le terme « églantinards » ait été affublé aux socialistes et communistes du début du XXème siècle par certains de leurs détracteurs et opposants. (...)

Le muguet : un symbole Pétainiste ?

Disons le tout net : si Pétain a effectivement imposé le muguet sur l’églantine, il n’en est pas à l’origine (...)

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Il est certain que la fleur à clochettes figure dans la mythologie grecque ; puisqu’elle aurait été créée par Apollon. Mais la suite est plus nébuleuse (...)

La tradition pourrait dater de la Rome antique, voir des Celtes, et le folkloriste Charles Leland a d’ailleurs associé la plante à une déesse mère nordique révérée à l’équinoxe de printemps. Mais ce serait Charles IX qui aurait popularisé cette coutume de l’offrande. (...)

le muguet disparaît dans les affres des contre-révolutions, avant de réapparaître vers la fin du XIXème siècle, via quelques célébrités 06. Ensuite, les clochettes blanches se repopularisent au début du XXème siècle au point que l’on trouve dans les cortèges des années 1930, des bouquets et boutonnières mêlant fleurs de muguet et églantines ou fleurs de muguet enroulées d’un ruban rouge.

Mais c’est bien en 1941 que Pétain associera définitivement le muguet au premier Mai, damant ainsi le pion à une fleur d’églantine trop ancrée à gauche, tout en imposant la Fête du Travail comme un jour nationalement férié et chômé ; au dépends de la « fête des travailleurs ».