
Personne n’est dupe : depuis qu’Amazon a perdu le contrôle du prix de vente des livres numériques, l’ebook a été relégué en nationale 3, voire division départementale. Et ce, au profit de l’audiolivre, qui fait recette étonnamment : la corrélation entre l’explosion de l’ebook (et son pseudo déclin), et le boom du format audio ne devrait pourtant pas surprendre…
L’ironie n’aura échappé à personne : cette semaine, Audible, la filiale livre audio d’Amazon faisait un grand lancement de son dernier titre, Les animaux fantastiques, à la Société des Gens de Lettres. Et prochainement une journée professionnelle entièrement consacrée au format se tiendra, également à la SGDL, mais en l’absence de l’opérateur amazonien.
C’est pourtant bien lui qui, ici et dans le reste du monde, a donné le tempo de ce format, prenant une position de leader difficile à contester. Réfléchir donc sur l’audiolivre, sans inviter l’acteur majeur : on cultive le goût du paradoxe.
Pourtant, une question se posera, à tous : écouter une lecture, et être le lecteur soi-même qu’est-ce que cela signifie ? (...)
Admettons cependant que, demain, toutes les forces convergent, et que ce format audio gagne en popularité encore et encore. Acceptons que les auditeurs — nous sommes bien dans le même principe qu’une fiction radiophonique, non ? — soient attentifs et réceptifs, et donc achètent. Envisageons même que les parents qui font la lecture, album cartonné en main, y voient une solution pratique — pour mémoire, Hachette travaille avec Amazon à une édition de livre jeunesse qui sera lu par l’enceinte Echo !
Quelles seront les répercussions, pour les uns et les autres, que cette adoption espérée du format ? À force d’écouter, en (re)vient-on aux mots écrits, sur papier ou affichés sur écran ? Qui s’est réellement posé la question des risques et enjeux du format audio parti à la conquête du monde, sur l’illettrisme ?(...)
N’oublions pas qui tire les ficelles des formats, et comment ces derniers exercent une réelle incidence sur les usages. (...)