
(...) La fin de l’épidémie d’Ebola sera annoncée au Liberia lorsque aucun patient ne sera diagnostiqué pendant 42 jours. Mais même une fois cet objectif atteint, il semble peu probable que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) annonce la fin de la crise tout de suite, a dit Margaret Harris, la porte-parole de l’OMS.
La Guinée et la Sierra Leone ont rencontré des difficultés dans la lutte contre le virus Ebola, elles ont récemment constaté une recrudescence des cas. Et les Libériens n’ont pas suivi à la lettre les conseils sur le virus Ebola ; les activités à risque élevé, comme le transport des corps des défunts lors des funérailles, ont encore cours, a dit Mme Harris.
Mais une fois la crise terminée, que faire pour s’assurer que les leçons de prévention seront encore dispensées ? Peut-on s’inspirer des campagnes de lutte mises en œuvre contre le VIH ?
(...) L’autre épidémie
Depuis l’arrivée des traitements antirétroviraux (ARV), le SIDA fait moins peur, mais 2,1 millions de nouvelles infections au VIH ont été enregistrées dans le monde en 2013. L’ Afrique du Sud porte le plus lourd fardeau avec un taux de prévalence de 12 pour cent. Les chiffres fournis par le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) montrent que 469 000 nouvelles infections au VIH ont été comptabilisées en 2012.
L’étude du CRSH a montré que, malgré plus de 25 années de campagnes de sensibilisation au VIH, seulement 27 pour cent des Sud-Africains avaient des connaissances précises sur la transmission sexuelle du VIH et la prévention contre le VIH en 2012, et que l’utilisation du préservatif était tombée à un peu plus d’un tiers des hommes et des femmes ayant une activité sexuelle.
L’ABC de la prévention contre le VIH était l’abstinence, la fidélité et l’utilisation du préservatif. Mais « la donne a changé avec la large disponibilité des traitements », a dit à IRIN Leickness Simbayi, chercheur principal au CRSH. « On ne voit presque plus de panneaux ou d’affiches [de prévention] et ne parlons pas des campagnes de lutte contre le VIH/SIDA largement diffusées dans les médias il y a une dizaine d’années.
« Cela est dû en partie à l’importance excessive accordée aux solutions biomédicales, notamment à l’idée que nous pouvons échapper à l’épidémie en nous soignant », a-t-il dit. « J’aimerais que nous revenions aux fondamentaux et à la stratégie ABC ».
Les campagnes de santé publique organisées dans la lutte contre le VIH et contre l’épidémie d’Ebola ont dû rendre facilement accessibles des informations complexes sur les infections et le contrôle de l’épidémie, aborder la question de la stigmatisation, couper court aux rumeurs et s’attaquer aux informations erronées. (...)
« L’OMS va devoir améliorer la compréhension des décisions prises par les populations et c’est la difficulté », a dit Mme Harris. « Nous recrutons des personnes qui ont ces compétences pour comprendre le message et intervenir de manière plus efficace ».
Les changements de comportement « nécessitent l’adhésion de la communauté » et nécessitent de reconnaître les « priorités des populations », a dit M. Simbayi – ce qui ne ressemble en rien aux approches « descendantes » qui voyaient les populations comme les destinataires passifs de l’information.
« Nous avons conclu que le VIH n’était pas une préoccupation majeure de la population. Avoir de la nourriture sur la table et un toit au-dessus de leur tête était la priorité. Sur les dix priorités, le VIH était cinquième ou sixième », a noté M. Simbayi. Certains facteurs de la propagation du VIH pouvaient donc être abordés « simultanément avec d’autres interventions structurelles, comme les subventions sociales ou le fait de maintenir les filles à l’école », pour s’attaquer aux racines de la vulnérabilité. (...)