
La Suisse est la plaque tournante du commerce des matières premières. 500 sociétés helvétiques y contrôlent 20% du négoce mondial. Méconnues du grand public, elles brassent pourtant des dizaines de milliards d’euros. Parfois au détriment des pays où elles opèrent. Car aucune réglementation ne les oblige à contrôler l’origine, parfois illégale, des matières premières.
Pour contraindre les entreprises à prendre leurs responsabilités, l’organisation non gouvernementale helvétique, La déclaration de Berne, demande la création d’une autorité de surveillance des marchés des matières premières. Elle en a même dessiné les contours dans un site Internet plus vrai que nature. Et si elle existait vraiment ? (...)
Nous sommes le 26 juin 2016. La « Rohma », la nouvelle autorité suisse de surveillance des marchés des matières premières annonce l’ouverture d’une enquête contre Demynag. Selon un rapport d’une organisation non gouvernementale (ONG), La déclaration de Berne, cette société helvétique de négoce aurait livré des produits pétroliers à des sociétés nigérianes détenues par M Yvoirien, un député nigérian suspecté de détournement de biens publics. L’affaire éclabousse ce groupe pourtant considéré comme une valeur sûre de la Bourse.
Demynag risque gros. Si lors de ses perquisitions, les inspecteurs de la Rohma découvrent que la société de négoce n’a pas pris toutes les mesures nécessaires pour s’assurer du caractère irréprochable de son partenaire commercial, Demynag pourrait se voir infliger une amende. Voire se faire retirer sa licence lui permettant d’exercer son activité en Suisse. Sans parler de la dégradation de son image auprès des investisseurs. (...)
Mettre fin à la malédiction des ressources par la transparence
L’affaire n’est pour l’instant qu’un scénario de régulation fiction. Mais l’organisation non gouvernementale (ONG) helvétique, La déclaration de Berne, veut y croire. Son projet d’Autorité de surveillance du marché des matières premières est tellement abouti qu’elle a même décidé de créer un site Internet qui en présente tous les contours, comme une vraie institution. Le résultat est bluffant. Après tout, "il y a quelques années seulement, la fin du secret bancaire faisait figure de doux rêve", rappelle Olivier Longchamps, responsable fiscalité et finances de l’ONG. (...)
Dans les circonstances politiques actuelles, la mise en place d’une réglementation n’est clairement pas envisageable à court terme, reconnaît Olivier Longchamps. Mais la Rohma est une proposition concrète et visionnaire – c’est aussi la seule – dont on veut qu’elle serve de boussole pour une future réglementation."
Lancée le 1er septembre, cette campagne a le grand mérite de relancer le débat sur la question.