
Pour comprendre la situation actuelle des négociations à Durban, le mieux est de donner la parole aux entreprises. GDF Suez, présente à un événement organisé par la Banque mondiale pour promouvoir deux nouveaux fonds pour lancer la finance carbone chez les plus pauvres (sic), a résumé la situation : le prix du carbone est instable, il s’effondre sur le marché européen, et nous avons trop d’offres de crédits par rapport à la demande.
C’est pourquoi l’Union européenne s’active ici pour prolonger le protocole de Kyoto : elle satisfait ainsi la demande du G77 et la Chine, celle de l’Afrique du Sud qui ne peut assumer ici l’enterrement du protocole de Kyoto, tout en imposant l’idée d’un « nouveau mandat » qui prendrait effet en 2020, mandat qui inclurait tous les pays, notamment les pays émergents. La Chine a déclaré ne pas être hostile à cela. Les États-unis se trouvent ainsi isolés, avec le Canada, pendant que la Russie et le Japon, a priori hostiles à tout nouvel engagement, cherchent maintenant des accommodements. (...)
Sauf clash des pays les moins développés, alliés aux pays latino-américains de l’ALBA, le protocole de Kyoto sera « sauvé », vidé de ce qui pouvait en faire un outil de redistribution entre les pays du Sud et ceux du Nord, réduit à une structure institutionnelle de mise en place des marchés carbone.