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Le Monde
Droit d’asile : à Lyon, les avocats refusent les vidéo-audiences
Article mis en ligne le 7 janvier 2019

Le projet prévu par la loi asile et immigration pour l’examen des recours des demandeurs d’asile devait voir le jour en janvier. Il risque aujourd’hui d’être bloqué.

Le barreau de Lyon s’oppose catégoriquement au projet de « vidéo-audiences » pour juger les recours des demandeurs d’asile. Cette nouvelle forme d’audience devait être mise en place dès janvier à Lyon et Nancy pour examiner les recours formés par les demandeurs d’asile, après refus de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Or, la réforme prévue par la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) risque aujourd’hui d’être bloquée.

A Lyon, une salle spécifique est déjà aménagée, au premier étage des juridictions administratives, rue Duguesclin. L’espace, éclairé par deux fenêtres, est constitué d’une table avec trois micros, placée face à deux grands écrans plats fixés contre un mur. La salle dispose d’une caméra et d’un lecteur de documents, avec trois rangées de chaises pour le public. « La technologie a déjà été expérimentée dans les DOM-TOM, elle fonctionne parfaitement. Elle facilite la vie des justiciables en leur évitant des déplacements sur grandes distances », assure Régis Fraisse, président de la cour administrative d’appel de Lyon.

Le projet a été annoncé au barreau de Lyon par simple courrier, le 19 septembre. (...)

« On touche aux droits fondamentaux »
Pour assurer le déroulement des audiences à venir, la CNDA a demandé au barreau d’établir la liste des avocats désignés à l’aide juridictionnelle. Ce qu’a refusé, selon nos informations, Farid Hamel, bâtonnier de Lyon, après une délibération à l’unanimité de son conseil de l’ordre. Dans sa réponse datée du 11 octobre à la présidente de la CNDA, que Le Monde a pu lire, ce dernier écrit : « La matière du droit d’asile est à la fois d’une grande complexité sur le plan de la technicité juridique et géopolitique, mais encore humaine. »

« L’intime conviction est l’essence même du droit d’asile. Cette méthode risque de changer totalement l’appréhension du juge dans ces dossiers, on touche aux droits fondamentaux alors que les migrations nous posent des questions essentielles à résoudre. On ne va pas dans le sens de l’histoire », ajoute Jean-Philippe Petit, membre de la commission droit des étrangers du barreau de Lyon. Lors de la réunion de présentation de la nouvelle salle d’audience, le 23 octobre, les avocats lyonnais ont entendu Dominique Kimmerlin répondre à leurs inquiétudes en ces termes : « Quand vous êtes au cinéma, vous avez des émotions devant l’écran. » (...)