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Libération
Douze femmes de gauche veulent occuper le terrain de l’après
Article mis en ligne le 6 mai 2020

L’insoumise Clémentine Autain décrit l’ambiance actuelle : « Il y a un flot de colère très fort, ces derniers jours la moutarde est vraiment montée au nez. Du coup lorsque j’ai contacté, avec Elsa Faucillon [PCF, ndlr], quelques femmes politiques pour participer au meeting, les choses se sont faites naturellement, je pense que pour beaucoup d’entre nous c’est un soulagement. » Mercredi, à 17 heures 30, douze dirigeantes politiques de gauche participent à un meeting numérique afin de crier au monde entier que « demain sera féministe ou il ne sera pas ».

La composition de l’équipe : Clémentine Autain, Manon Aubry et Caroline Fiat de La France insoumise ; Esther Benbassa et Sandra Regol d’EELV ; les communistes Marie-George Buffet et Elsa Faucillon ; Aurore Lalucq de Place publique ; Roxane Lundy et Claire Monod de Génération.s ; Christine Poupin du NPA ; Gabrielle Siry du Parti socialiste.

Elles partagent toutes le même constat depuis l’arrivée de la crise sanitaire : les femmes sont en première ligne dans la vraie vie (soignantes, caissières, aides ménagères, ouvrières du textile…) mais absentes dans les réflexions politiques. Alors qu’elles ont un « rôle central à jouer » dans l’après-crise, prévient la porte-parole du Parti socialiste, Gabrielle Siry. De son côté, la députée européenne Aurore Lalucq (PS) explique : « Ces dernières semaines ont été marquées par des représentations très virilistes de la société, avec un langage guerrier, des représentations qui ne font du bien ni aux femmes ni aux hommes d’ailleurs, et qui masquent une double réalité : la précarité des femmes en première ligne dans cette crise et le fait que les pays qui ont le mieux géré la crise du Covid-19 sont en grande majorité dirigés par des femmes. »
« Archaïsme et inefficacité »

L’insoumise Manon Aubry ajoute : « Le cadre médiatico-politique actuel reprend la même rhétorique martiale que Macron sur le coronavirus (...)

Les différentes politiques n’oublient pas que la place des femmes dans la société était récemment au cœur des débats, notamment après la sortie tonitruante d’Adèle Haenel aux césars et la tribune de Virginie Despentes dans Libération. « Notre initiative a donc son contenu propre sur le contexte de crise, mais c’est aussi une alerte. Il ne faudrait pas que ce temps de crise sanitaire profite à un recul », souffle Elsa Faucillon dans un entretien aux Inrocks. Clémentine Autain souligne qu’il existe un « décalage » entre la société et le monde politico-médiatique. Et souhaite « intensifier » la baston pour que le rapport de force s’inverse dans les lieux de pouvoirs. Elle n’est pas la seule. (...)

Cette initiative n’est pas nouvelle. Les femmes a gauche se lèvent souvent pour que le monde tourne autrement. Depuis le début du quinquennat : des réunions, des manifestations, des meetings et des tribunes. L’approche de la présidentielle n’arrange pas les choses. Au contraire. Clémentine Autain se marre : « La question qui se pose c’est qui sera candidat à gauche. Piolle ou Jadot ? Montebourg ou Mélenchon ? Ruffin a une chance ? Et Cazeneuve, il peut vraiment revenir ? Et Fabien Roussel, il fera quoi ? » La députée européenne Manon Aubry ne se marre pas trop : « Vous savez quoi, je pense que notre camp ne gagnera jamais si les femmes politiques ne font pas la grève du rôle de la potiche auquel elles sont trop souvent assignées et mettent enfin un terme aux concours de muscles qui empêchent d’avancer et font perdre du temps à tout le monde. »

Mercredi, lors du meeting numérique, elles ne seront pas seules à prendre la parole. Plusieurs femmes (caissières, professeures, soignantes…) prendront également la lumière afin de raconter leur quotidien. (...)