
Le Maroc accueille à Marrakech, du 7 au 18 novembre, la COP22 (Conférence des parties de la convention sur les changements climatiques de l’ONU). L’occasion pour Orient XXI de consacrer un dossier aux thèmes de l’environnement, de l’écologie et de la justice climatique
L’accord de la COP21, présenté comme « le premier accord universel sur le climat », « limite la hausse des températures en-deçà de 2 degrés (voire de 1,5 degré d’ici la fin du siècle), accorde des financements à hauteur de 100 milliards pour l’adaptation des économies, notamment dans les pays les plus durement touchés par la crise climatique et réoriente l’économie mondiale vers un modèle à bas carbone ». La COP22, décrite comme « celle de l’action », visera à mettre en œuvre les décisions prises à Paris.
L’un des slogans des révolutions qui ont bouleversé de nombreux pays arabes en 2011 était « pain, liberté et justice sociale ». Les besoins en produits agricoles de la région Afrique du Nord-Proche-Orient ont été multipliés par six en 50 ans et la production n’a pas réussi à suivre, indique l’Institut national de recherche agronomique (INRA). La dépendance alimentaire de la région a augmenté : l’année des révoltes, 40 % de son approvisionnement (en calories) dépendait du marché international. C’est dans ce contexte que les révolutions arabes ont éclaté, que des groupes terroristes ont proliféré sur fond de spéculation sur la faim, de pillage des ressources par les multinationales et les pays dominants et de réchauffement climatique aux conséquences irréversibles.
Mais cette crise n’est ni une tragédie ni une malédiction ni une « vengeance de la nature » comme on peut l’entendre dans des analyses dépolitisées1. Elle résulte de décisions humaines, indique le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
Premiers touchés, les pays du Sud sont les premiers à s’organiser car si dans les pays du Nord on commence à réaliser la gravité de la situation, dans ceux du Sud on en meurt. (...)
Les pays industrialisés, pourtant responsables historiquement à 80 % du réchauffement veulent faire porter la responsabilité de la détérioration aux pays du Sud. Le changement climatique reproduit les rapports de pouvoir, les négociations à la COP aussi. Alors, les initiatives citoyennes se multiplient. Un certain nombre d’entre elles sont présentées dans les articles de ce dossier. Ahmed Sawan s’est rendu à Minya pour découvrir comment l’agroécologie peut soutenir les paysans négligés par l’État égyptien. De l’autre côté de la frontière, en Palestine où la politique israélienne de colonisation des terres et des ressources aquifères s’accentue, le système est déjà établi.
L’eau est dans toute la région une ressource à la fois vitale et menacée. (...)