
Note pour mes amis et les amis de mes amis qui ont la mémoire embrouillée et me demandent des détails sur les jugements de la cour de cassation qui viennent de tomber. D’abord vous dire qu’ils mettent un terme une longue bataille judiciaire et qu’ils m’enchantent.
J’ai perdu quelques procès (en particulier pour des interviews à des journaux, je pense à Sud Ouest ou VSD). J’en ai gagné (Nouvel Obs, le Point, « Tout le monde en parle » sur France 2). J’aurais pu et j’aurais dû, si j’avais eu les moyens financiers, aller systématiquement pour toutes ces procédures jusqu’à la Cour de Cassation. Je ne l’ai fait que pour trois d’entre elles.(...)
Je me suis pourvu en cassation. J’ai pris cette décision contre l’avis de nombreuses personnes, dont mon éditeur, Les Arènes et la chaîne Canal + qui ont refusé de poursuivre les procédures. Je ne les accable pas. De leur place, il leur était sans doute difficile d’aller au bout de la bataille à mes côtés. Certains auraient lâché avant.
Dans les jours qui ont suivi les décisions de la Cour d’appel, Clearstream a acheté une page dans le Monde pour proposer une transaction qui consistait à accepter ces condamnations contre la non-exécution des arrêts. En gros, le non paiement des sommes auxquelles j’étais condamné.
Il était impensable d’accepter un tel compromis(...)
Je savais ce que j’avais vu et fait. J’avais intégré les enjeux de cette bataille. Un système financier sain au départ a été dévoyé, ouvrant d’incroyables possibilités de dissimulation. Mon enquête était, est, restera fondée. Mes écrits reposent sur des documents, des courriers, des listings, des microfiches, des témoignages filmés.
Des éléments suffisamment probants qui ont permis de mettre à jour des comptes non publiés produisant de l’opacité, un système d’effacement de traces de transactions, la probabilité très forte d’une double comptabilité, des liens présumés entre Clearstream et l’Eglise de scientologie, l’hébergement de banques mafieuses, l’utilisation de Clearstream pour la mise en œuvre d’opérations occultes, l’absence totale de transparence et de contrôle, la complicité des auditeurs, le licenciement du personnel qui refusait de procéder à des manipulations comptables et de publier des bilans de fait maquillés…
Mon enquête et la simple lecture de mes documents montraient, montrent que cette firme abritait plus de 6000 comptes ouverts dans des paradis fiscaux. Parmi ces comptes, des sociétés off shore, mais aussi des filiales de banques respectables.
J’ai révélé que des multinationales pétrolières, agroalimentaires ou industrielles avaient également ouvert des comptes discrets à Clearstream. J’en passe et des dizaines.(...)
J’en savais beaucoup et je ne voulais pas me taire. (...)
L’appui de mes amis du comité et des mille huit cent quatre vingt six personnes ayant soutenu ce qui devenait un combat de longue haleine ont été déterminants.(...)
La Première Chambre Civile de la Cour de Cassation, se fondant sur l’article 10 de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, a rendu trois arrêts qui sonnent le glas à mes ennuis et ouvrent des brèches importantes chez ceux qui m’attaquaient.
C’est fondamental. Ça fera jurisprudence.(...)
La Cour de Cassation a annulé mes trois condamnations du 16 octobre 2008 pour diffamation. Elle a explicitement reconnu « l’intérêt général du sujet » et le « sérieux de mon enquête ».
Tout le monde peut maintenant citer partout ce que j’avais écrit..(...)