
En 1991, Nelson Mandela, qui venait de passer 27 ans en prison au nom d’un combat pour la liberté de son peuple, a pris l’avion et a choisi d’atterrir, non pas dans la « plus grande démocratie du monde (USA), non pas dans « la patrie des Droits de l’Homme » (France), non pas dans « la seule démocratie du Moyen-orient » (Israël, complice jusqu’au bout de l’apartheid), mais à Cuba.
Et il y a prononcé, le 26 juillet 1991 le mémorable discours que voici où il explique comment et pourquoi la lutte doit se poursuivre dans son pays et ce qu’il doit au peuple cubain.
(...) Aujourd’hui, voici la Cuba révolutionnaire, la Cuba internationaliste, le pays qui a tant fait pour les peuples d’Afrique.
Nous avons longtemps rêvé de visiter votre pays et d’exprimer les nombreux sentiments que nous éprouvons pour la révolution cubaine, sur le rôle de Cuba en Afrique, en Afrique australe et dans le monde.
Le peuple cubain occupent une place particulière dans le cœur des peuples d’Afrique. Les internationalistes cubains ont apporté une contribution à l’indépendance, la liberté et la justice en Afrique sans précédent de par ses principes et son caractère désintéressé.
Dès les premiers jours la Révolution cubaine a elle-même été une source d’inspiration pour tous les peuples épris de liberté. Nous admirons les sacrifices du peuple cubain pour préserver leur indépendance et souveraineté face à une campagne impérialiste féroce orchestrée pour détruire les avancées impressionnantes réalisées par la Révolution cubaine.
Nous aussi nous voulons contrôler notre propre destin. Nous sommes convaincus que le peuple d’Afrique du Sud construira son avenir et qu’il continuera d’exercer ses pleins droits démocratiques après la libération de l’apartheid. Nous ne voulons pas que la participation populaire cesse avec la disparition de l’apartheid. Nous voulons que la libération ouvre la voie à une démocratie toujours plus profonde.
Nous admirons les acquis de la révolution cubaine dans le domaine de la protection sociale. Nous apprécions la transformation d’un pays d’une arriération imposée à l’alphabétisation universelle. Nous reconnaissons vos progrès dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la science.
Il ya beaucoup de choses que nous apprenons de votre expérience. En particulier, nous sommes émus par votre affirmation du lien historique avec le continent et les peuples de l’Afrique.
Votre engagement constant à l’éradication systématique du racisme est incomparable.
Mais la leçon la plus importante que vous avez à nous offrir, c’est que peu importe les défis, peu importe les difficultés rencontrées dans la lutte, il ne peut être question d’abandonner ! Il s’agit de choisir entre la liberté ou la mort ! (...)
En Afrique, nous sommes habitués à être victimes de pays qui veulent dépecer notre territoire ou saper notre souveraineté. Il n’y a pas de précédent dans l’histoire de l’Afrique d’un autre peuple qui se lève pour défendre l’un d’entre nous. (...)
Je dois dire que lorsque nous avons voulu prendre les armes nous avons contacté de nombreux gouvernements occidentaux pour demander de l’aide et que nous n’avons jamais été en mesure de rencontrer plus que des subalternes. Lorsque nous avons visité Cuba, nous avons été reçus par les plus hauts responsables qui nous ont immédiatement proposé tout ce que nous voulions et avions besoin. Ce fut notre première expérience avec l’internationalisme cubain.
Même si nous avons pris les armes, ce n’était pas notre préférence. C’est le régime de l’apartheid qui nous a forcés à prendre les armes. Notre préférence a toujours été pour une résolution pacifique du conflit de l’apartheid.
La combinaison de la lutte de notre peuple à l’intérieur du pays avec la lutte croissante au niveau international contre l’apartheid dans les années 1980, ont crée les conditions d’un règlement négocié du conflit de l’apartheid. (...)