
Minorité transnationale répartie aux quatre coins de la planète, les Rroms font régulièrement la une de l’actualité en raison de la stigmatisation dont ils sont victimes. Pourtant ils sont mal connus, souvent réduits à un folklore.
Cet ouvrage sous forme de dictionnaire permet de découvrir ce peuple sans État, au travers de son histoire, de sa culture et de ses figures les plus marquantes.
Au fil de plus de 300 entrées, cette histoire est déclinée par pays et par thèmes. Sont abordées les expressions culturelles du peuple rrom tout comme la longue histoire de discriminations et de résistances qui le caractérise.
D’« Afghanistan » à « Samudaripen » en passant par « Charlie Chaplin » ou « Saimir Mile », ce Dictionnaire du peuple rrom entend apporter sa contribution à la connaissance d’une histoire, de voix et de combats trop rarement entendus.
Lire aussi :
– (Entre les lignes, entre les mots)
Auschwitz
Même si les victimes des nazis ont été assassinées dans des dizaines de camps de la mort, le nom d’Auschwitz est devenu pour les Rroms un symbole qui résume toute cette atrocité. Auschwitz est emblématique du mépris absolu de certains humains pour les autres humains. Plus de 6 millions de Juifs perdirent la vie parce que des fascistes, dignitaires ou fonctionnaires insignifiants – en avaient décidé ainsi ; parmi ces victimes, plus d’un million mourut à Auschwitz-Birkenau. Ce camp a également été le lieu de déportation et de mort de 19 000 Rroms (sur les 23 000 internés dans ce lieu). Par son « décret d’Auschwitz » du 16 décembre 1942, Himmler décréta la déportation de tous les « Tsiganes du Reich » dans le camp d’extermination d’Auschwitz. Et c’est en février 1943 que les déportations en masse commencèrent. Près de 20 000 Rroms, essentiellement d’Allemagne, d’Autriche, du protectorat des Terres tchèques et de Moravie, ainsi que de Pologne, furent conduits par convois au cours de cette année-là. 2 200 personnes supplémentaires furent amenées par petits groupes jusqu’à l’été 1944 et parquées dans un secteur du camp de Birkenau, le Zigeunerlager, où ils survivaient le plus souvent en famille.
C’est à Auschwitz que sévit de mai 1943 à août 1944, le non-docteur Joseph Mengele, avec ses prétendues expériences pseudoscientifiques sur les déportés, entre autres les Rroms détenus.
La moitié de ces Rroms, et notamment tous les nourrissons trouvèrent la mort en raison des conditions épouvantables qui y régnaient. Les autres furent gazés, en particulier durant la Zigeunernacht (nuit du 2 au 3 août 1944), où 3 897 Rroms furent conduits dans les chambres à gaz pour laisser la place à des convois de Juifs récemment arrêtés en Hongrie. Seuls quelques Rroms, incorporés dans les Kommandos, survécurent. En fait tout avait commencé en mai de cette même année : avertis par un nazi compatissant de la « liquidation » programmée du Familienlager (camp des familles), les Rroms internés se soulevèrent le 16 mai contre les SS. Le soir même, les baraques furent encerclées par une soixantaine de SS armés. Les prisonniers Z refusèrent de sortir des baraques, et se défendirent armés de montants de châlits, de bêches, de haches et de pieds de biche, tentant de saisir les mitraillettes des SS lorsque ceux-ci entrèrent dans les baraquements. Les SS reçurent l’ordre de battre en retraite ce soir-là.
Cette révolte est, avec celle du Sonderkommando, la seule action de résistance connue au sein de l’enfer d’Auschwitz. L’existence de cette action héroïque contribue à consolider la fierté des Rroms et à les encourager à combattre pour la justice. (...)