D’après les données officielles, 2500 kits de tests de dépistage du Covid-19 seraient disponibles en France par jour, ce qui n’est déjà pas suffisant pour tester le personnel soignant. Les témoignages de médecins et infirmièr.e.s à l’Hôpital nous apprennent qu’ils ne disposent pas des moyens de se faire eux-mêmes tester. Les médecins de ville ne peuvent tout simplement pas procéder à ces tests.
Il n’y a, d’après les déclarations d’Édouard Philippe, aucune volonté politique de s’attaquer à ce problème. Il faut TRÈS URGEMMENT que cela change.
Quelles conséquences ? Les tests disponibles sont réservés aux cas "graves" et à certaines "personnalités". Résultat : quand nous tombons malade, il est impossible de savoir si c’est d’une grippe, d’une pneumonie, ou du Coronavirus. Il en résulte que les statistiques sont faussées et les diagnostics flous. Il en résulte aussi que les professions au contact d’autrui peuvent être porteurs du virus et le transmettre largement. Il en résulte enfin qu’on ne sait toujours rien sur une possible réinfection. La Corée et l’Allemagne, pays qui semblent mieux que nous faire face à la pandémie, ont appliqué une politique exactement inverse en renforçant les diagnostics et en mettant l’accent sur la multiplication des tests. (...)
Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) lui-même, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a appelé tous les pays dans le monde à intensifier les tests de dépistage de coronavirus comme meilleur moyen de ralentir la progression du Covid-19. Il s’agit d’une mesure de bon sens.
Nous appelons donc le gouvernement à cesser de négliger cet aspect essentiel de lutte contre la pandémie, et à mettre au plus vite à disposition du public des tests nombreux et efficaces.
Lire la mise à jour :
Des tests covid-19 pour tous : ça bouge ! (un peu)
Le gouvernement est déjà revenu sur ses propos de la semaine dernière qui consistaient à nous expliquer qu’il était « trop tard » pour mettre en place une politique de tests. Ce revirement est salutaire.
On est passé de 2500 tests/ jour à 9000.
Mais on est encore loin du compte. L’Allemagne réalise 500 000 tests par semaine - et c’est ce qui explique le très faible taux de mortalité de ses habitants dû à la maladie.
Il faut impérativement accélérer le pas. Olivier Véran, le ministre de la Santé, promet de passer à "20 à 25 000 tests/jour". Mais toujours pour les cas graves et sur prescription médicale.
Actuellement, nous utilisons en France des tests à écouvillon (une tige qu’on introduit dans le nez) qui sont très lourds et chronophages. Seuls quelques labos ont la capacité de les interpréter (45 en France), il faut plusieurs heures pour avoir les résultats, etc. Bref, on est encore un peu au Moyen Âge. En outre, certains composants pour les écouvillons viennent à manquer.
Cela va bientôt changer avec la mise en place d’automates (produits par le Suisse Roche Diagnostics ou l’entreprise américaine Hologic). C’est mieux, mais ça restera lent. Le Français bioMérieux a obtenu mardi le droit de commercialiser aux États-Unis un nouveau test rapide, également à écouvillon, mais qui ne nécessite pas de laboratoire car il est automatisé. Le Covid-19 est ajouté à la liste des 22 bactéries et virus respiratoires qu’il peut détecter. On obtient les résultats en 45 minutes. Il est produit en France mais comme c’est le département américain de la Défense qui l’a financé, ils l’auront avant nous. Ajoutons qu’il n’a pas encore reçu les autorisations pour être commercialisé dans l’Union européenne : ça serait bien qu’on se speed…
Enfin, l’Institut Pasteur bosse à fond sur des tests en sérologie. C’est ceux qui nous permettront de baser une politique sur l’immunité possible dont bénéficieraient les gens qui ont été infectés. Espérons que ces tests soient rapidement mis au point.
En attendant, là où je suis, à Marseille, nous sommes très soulagés d’avoir le privilège d’accéder aux tests. J’ai des retours terribles de gens travaillant dans d’autres régions, parfois simplement au contact du public, parfois, pire, en milieu fermé (Ehpad, prisons..) qui sont effondrés de ne pas y avoir accès et donc de ne pouvoir limiter la propagation du virus autour d’eux.
Les tests sont le meilleur moyen de prévenir la contagion par des personnes asymptomatiques et de prendre en charge ceux qui sont malades. C’est également un dispositif-clef pour, à moyen terme, alléger le confinement. (...)