
L’auteur aurait pu intituler son ouvrage : "le suicideur", parce qu’il y construit une nouvelle catégorie de pensée, forgée par différence avec celles de "suicidé" et de "suicidaire". Le suicideur est celui qui provoque ou impose le suicide à quelqu’un d’autre, et surtout qui n’apparaît pas dans le geste commis. Comme nous allons l’observer, l’usage de cette nouvelle catégorie s’opère sans doute un peu à l’emporte pièce. Il n’en reste pas moins vrai qu’elle renvoie à de vrais problèmes, par lesquels nous sommes tous concernés, dans les sociétés européennes, sans aucun doute, et peut-être plus.
De quoi s’agit-il précisément ? L’auteur, philosophe, après avoir prononcé plusieurs communications en public, notamment au congrès Marx International, celui de 1995, et en s’inscrivant dans la lignée critique ouverte par Gilles Deleuze, lorsque ce dernier substitue au concept de "société de discipline" promu par Michel Foucault, le concept de "société de contrôle", tente de redessiner les caractéristiques de la société contemporaine, sous domination capitaliste. L’analyse de la surveillance désormais déployée, des caméras, satellites, profileurs et autres contrôleurs, est devenue insuffisante. C’était celle de Deleuze. Nous sommes (serions) entrés dans une nouvelle phase du capitalisme : l’hypercapitalisme.
Qu’entendre par là ? En bref, une société qui programme le suicide de ses membres, afin d’augmenter ses profits. (...)