Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Reporterre
Des jeunes médecins s’attaquent par le rire à la surconsommation de médicaments
Article mis en ligne le 22 février 2016
dernière modification le 17 février 2016

De jeunes praticiens sont entrés en résistance contre l’influence des firmes pharmaceutiques. Membres de la Troupe du Rire, ils veulent enrichir le cursus en médecine d’un enseignement critique et d’une sensibilisation aux outils promotionnels de l’industrie.

« C’était monsieur Doliprane le plus généreux, il aimait créer du lien. Il s’intéressait à nos vies. » Louise, 26 ans, interne en médecine, se souvient de son stage de six mois aux urgences d’Aulnay-sous-Bois l’année dernière. Elle raconte le ballet hebdomadaire des trois ou quatre visiteurs médicaux. « Ils nous offraient les croissants, nous apportaient des plats de traiteurs libanais, des trucs excellents. C’était toujours l’occasion de nous donner les nouveaux prospectus. » Un matin, M. Doliprane revient à l’attaque avec un colis suspect : « Des pieds de cochons, pour qu’on s’entraine à la suture ! » Louise esquisse un sourire ironique. « D’ailleurs, il me l’a ressorti plus tard en me demandant : “Vous prescrivez du Doliprane ?” Moi, je répondais que non, que je prescrivais toujours le paracétamol, le générique. Alors il me rétorquait : “Ah ! mais attendez, c’est moi qui vous ai apporté des pieds de cochon !” »

Pieds de cochons, échantillons de médicaments gratuits, repas et journaux offerts, remises accordées aux pharmacies et services hospitaliers, formations médicales continues et leaders d’opinions financés par les laboratoires… Le cas de Louise n’est pas isolé. (...)

La Troupe du Rire – pour « réseaux des initiatives et réponses étudiantes » – ne manque ni d’humour ni de fermeté. En 2015, ils ont publié un livret, tiré à 8.000 exemplaires, au format poche de blouse blanche et intitulé Pourquoi garder son indépendance face aux laboratoires pharmaceutiques ?. (...)

« La plupart du temps, c’est compliqué d’engager le débat avec les chefs de service et, souvent, on nous traite de bolcheviks d’arrière-garde » (...)

« Quand un étudiant n’est pas sensibilisé, il est capable, sans esprit critique, d’avaliser le système tout au long de son cursus et même ensuite, au sein de la formation continue. »
Une nouvelle dynamique est en marche

« Seule une minorité d’étudiants en France prend le problème au sérieux pour le moment », regrette Paul Scheffer, doctorant en sciences de l’éducation. Il réalise une thèse sur la formation à l’indépendance des médecins (...)