
(...) L’Equateur a suspendu unilatéralement le remboursement d’une partie de sa dette publique sous forme de titres et a imposé aux créanciers un rachat au rabais.
Cet acte ne constitue pas en soi une véritable restructuration de sa dette d’abord car il n’y a pas eu d’échanges de titres, et surtout parce que il y a pas eu de négociation avec les créanciers.
Sept mois après avoir été élu, le président équatorien Rafael Correa a décidé de faire procéder à une analyse de la dette du pays et des conditions dans lesquelles elle s’était constituée. À cette fin, une commission d’audit de la dette (CAIC) composée de 18 experts, dont le CADTM faisait partie, a été mise en place à partir de juillet 2007. Après 14 mois de travail, un rapport a été remis. Il montrait notamment que de nombreux prêts avaient été accordés en violation des règles élémentaires.
En novembre 2008, le nouveau pouvoir, prenant appui sur ce rapport, a décidé de suspendre le remboursement de titres de la dette venant à échéance les uns en 2012, les autres en 2030. Finalement, le gouvernement de ce petit pays est sorti vainqueur d’une épreuve de force avec les banquiers nord-américains détenteurs de ces titres de la dette équatorienne. (...)
Cela a permis de dégager de nouveaux moyens financiers permettant au gouvernement d’augmenter les dépenses sociales dans la santé, l’éducation, l’aide sociale et dans le développement d’infrastructures de communication.
En définitive, cette suspension unilatérale a été dans l’ensemble très profitable puisque malgré les inquiétudes préalables, cela n’a pas empêché l’Équateur d’avoir de nouveaux accès aux marchés financiers, bénéficiant même de taux d’intérêts beaucoup plus favorables que des pays ayant procédés à une renégociation avec leurs créanciers comme l’Argentine ou le Venezuela (7% pour l’Équateur contre 12 à 15% pour ces derniers).
L’Islande :
L’Islande a été l’un des premiers pays balayés par la crise financière de 2007-2008 qui a provoqué l’effondrement de leur système bancaire privé.(...)
Dans le cas de l’Islande, il ne s’agit donc pas non plus de restructuration de dette, mais bien d’un acte unilatéral souverain de refus de payer des indemnités réclamées par deux puissances économiques beaucoup plus fortes qu’elle. Pourtant, là encore, l’Islande a connu par la suite un regain économique particulièrement supérieur aux pays européens étant notamment rentrés dans des procédures de négociation.