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Des embryons humains modifiés génétiquement par des chercheurs chinois
Article mis en ligne le 3 mai 2015
dernière modification le 25 avril 2015

Pour la première fois, un article paru dans une revue scientifique décrit les résultats de manipulations génétiques effectuées sur des embryons humains en Chine. Les rumeurs concernant ces travaux s’avèrent fondées et le débat éthique est relancé.

a technique qui fait tant parler d’elle ces derniers mois s’appelle CRISPR/Cas9. Ce nom est celui d’un complexe moléculaire comprenant une protéine Cas9 et un ARN guide ; à l’origine, il sert au système de défense immunitaire de la bactérie Streptococcus pyogenes. Le complexe, programmé pour cibler un gène qui pose problème, se lie à l’ADN et le coupe à un endroit précis. L’ADN est alors réparé par recombinaison grâce à une autre molécule introduite en même temps.

Déjà appliqué à des cellules humaines adultes et des embryons animaux, le système CRISPR/Cas9 n’avait pas encore fait l’objet de publications sur des embryons humains. C’est désormais chose faite avec un article paru en ligne dans la revue Protein & Cell qui confirme les bruits selon lesquels de telles expériences seraient en cours dans le monde. Dans cet article, les chercheurs de l’université Sun Yat-sen, à Canton, en Chine, ont essayé d’écarter les problèmes éthiques en utilisant des embryons non viables : les cellules qu’ils ont utilisées provenaient de cliniques de fertilité et comportaient un nombre anormal de chromosomes à cause d’une fécondation par deux spermatozoïdes. Les zygotes avec trois jeux de chromosomes ne terminent en effet pas leur développement. (...)

Les embryons se sont développés pour atteindre 8 cellules environ. 71 embryons ont survécu et 54 ont été testés. La coupure de l’ADN n’a eu lieu que dans 28 embryons (soit environ la moitié) et une partie d’entre eux seulement avaient bien accepté le remplacement du gène. (...)

sept embryons sur 28 (25 %) avaient une séquence endogène et seulement quatre embryons portaient la séquence d’ADN voulue.

De plus, l’équipe a trouvé un nombre important de mutations qui ont probablement été introduites par le complexe CRISPR/Cas9 dans le génome. Ceci soulève aussi des questions sur la sécurité de la technique car des mutations indésirables peuvent être dangereuses. (...)

Si cette technique de manipulation génétique était présentée comme une solution contre des maladies génétiques mortelles, de tels travaux franchiraient alors une ligne éthique, comme s’en est ému récemment un collectif de scientifiques dans Science. Inquiets des dérives possibles, ils ont demandé un moratoire sur ces recherches. En effet, des changements génétiques dans l’embryon peuvent se transmettre et avoir des effets imprévisibles sur les générations futures. Pour Edward Lanphier, auteur d’une tribune parue en mars dernier dans Nature, « l’accès ubiquitaire et la simplicité de création de CRISPR crée des opportunités pour les scientifiques partout dans le monde pour faire toutes les expériences qu’ils veulent ». D’autres équipes chinoises mèneraient des expériences comparables.