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Mediapart
Des documents officiels transmis au Sénat confirment les révélations sur le fonds Marianne
#SamuelPaty ##fondsmarianne
Article mis en ligne le 3 mai 2023

Le président de la commission des finances du Sénat demande désormais l’ouverture d’une enquête parlementaire. Mediapart fait de nouvelles révélations sur les profils et pratiques de certains membres de l’une des associations mises en cause.

Le sénateur socialiste de Haute-Garonne a obtenu de « nombreuses données » attestant notamment du fait que trois conseillers de l’ancienne ministre déléguée chargée de la citoyenneté ont bien participé au comité de sélection ayant validé l’attribution des subventions, pour un montant total d’un peu plus de 2 millions d’euros, à 17 associations. Lancé quelques semaines après l’assassinat du professeur Samuel Paty en octobre 2020, le fonds Marianne avait pour objet de financer des projets ayant vocation à « promouvoir les valeurs républicaines » au sein de la société.

Sur les 17 associations retenues au terme de l’appel à projets – lancé à la va-vite au printemps 2021 –, deux structures suscitent des questionnements importants. La première, l’USEPPM (Union des sociétés d’éducation physique et de préparation militaire), a été épinglée début avril par France 2 et Marianne, pour les salaires importants versés à plusieurs de ses membres, dont le journaliste controversé Mohamed Sifaoui.

Ces revenus paraissent inversement proportionnels à l’impact des actions effectuées, dont les contours demeurent encore flous à ce jour. (...)

« L’association USEPPM (355 000 euros) [ce qui en fait la mieux dotée du fonds Marianne – ndlr] n’a pas rendu compte de son action au CIPDR, et n’a pas répondu aux diverses sollicitations. Un contrôle est conduit depuis mars 2023 sur son action, ce qui me paraît tardif », a relevé Claude Raynal. (...)

Les autres interrogations portent sur « Reconstruire le commun », qui a touché 330 000 euros, bénéficiant de la seconde dotation la plus substantielle du fonds Marianne. Dans ce cas, ce n’est pas la réalité des missions, mais le contenu des vidéos qui est au cœur de l’affaire. Grâce à ce financement public, l’association a diffusé des vidéos à caractère politique, attaquant plusieurs adversaires d’Emmanuel Macron pendant les campagnes présidentielle et législatives de 2022. Ces contenus reprennent aussi la rhétorique gouvernementale, théorisant une partition du champ politique entre un camp « de la raison », celui des macronistes, et un camp des « extrêmes », dans lequel sont confondus la gauche unie et le Rassemblement national (RN).

« La restitution des échanges entre le CIPDR et l’association témoigne de nombreuses alertes sur ses productions faisant apparaître des éléments de contenus politiques problématiques », explique d’ailleurs Claude Raynal après avoir consulté des pièces. Marlène Schiappa a quant à elle affirmé sur Twitter que « l’administration en gestion du fonds Marianne a FAIT son devoir en ne validant pas certains contenus ». Ce qui pourrait donc induire que les vidéos qui ont été effectivement diffusées ont a contrario été soumises à autorisation avant publication…
Mosquée taguée, journaliste otage dénigré

Le profil des intervenants des vidéos de Reconstruire le commun est également source de questionnement. (...)

Le sénateur Claude Raynal va proposer la semaine prochaine la création d’une commission d’enquête parlementaire, visant notamment à répondre aux deux questions suivantes : « Pourquoi le comité a-t-il choisi ces associations, l’une naissante, l’autre n’ayant aucune compétence dans le domaine avec de tels financements ? Quels sont les rôles respectifs du CIPDR et du cabinet de la ministre dans ces choix ? »

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Dans le sillage des révélations de plusieurs médias concernant la répartition du Fonds Marianne lancé en 2021 sous l’égide de Marlène Schiappa, plusieurs sénateurs ont réclamé l’ouverture d’une commission d’enquête. Selon nos informations, celle-ci pourrait bien voir le jour en début de semaine prochaine. (...)