
La protection sociale est une conquête des luttes ouvrières du XIXe siècle. Les sociétés de secours mutuel, ancêtres de nos mutuelles, ont permis à cette émancipation originelle de s’épanouir dans un cadre économiquement vertueux et accessible au plus grand nombre.
Le 15 mars 1944, le Conseil national de la Résistance (CNR) adoptait un programme fondé sur un socle de valeurs et de principes, avec l’ambition d’instaurer « un ordre social plus juste » au lendemain de la guerre. Parmi toutes les réformes, la mise en place de la protection sociale s’imposait comme un outil de réconciliation nationale, un acquis au bénéfice de tous les citoyens et un progrès de la société sans précédent. Ce système de protection sociale s’appuyait alors sur le mouvement syndical et s’érigeait en rempart contre les pouvoirs de l’argent.(...)
La protection sociale, en tant que mécanisme de solidarité nationale issu du CNR, est aujourd’hui remise en cause.(...)
Le mouvement mutualiste lui-même s’est éloigné de son ancrage social, a distendu ses liens avec les groupements professionnels, préférant s’appuyer sur une base volontaire.(...)
Depuis 1967, avec le démantèlement progressif du système de sécurité sociale, la marchandisation croissante de la santé et de la solidarité, le mutualisme, solidarité volontaire collectivement assumée, reprend tout son sens.(...)
Solidarité, responsabilité, démocratie sont des points de convergence forts avec les forces syndicales. Si nous ne devons pas les confondre, la mutualité et le mouvement syndical se retrouvent dans la volonté d’être acteurs de leur propre société, d’affirmer des valeurs et de les confronter à la réalité de la vie. (...)
En cette période de concentration des acteurs du marché, se pose alors la question du modèle de « gouvernance »(...)
.La mutualité doit faire entendre sa voix dans le débat public(...)
Il ne s’agit pas seulement d’une question économique, mais aussi d’un choix de société : sommes-nous résolus à défendre le principe d’une protection sociale financée par la solidarité nationale ? (...)