
En 2017, un colloque qui s’est tenu en Côte-d’Ivoire, à l’université Félix Houphouët Boigny, est venu insuffler un air frais dans les réflexions habituelles portant sur la rue et la topographie urbaine, toujours pensées à l’aune de l’Europe
Les Actes – qui tiennent compte par exemple de la question de la rue dans les projets urbanistiques de la Côte d’Ivoire – en sont donc désormais publiés, poussant à renouveler les conceptions de la spatialité de la rue jusqu’à la question plus centrale de la sociabilité « de » et « dans » la rue .
Cette dernière, comme élément structurant de la forme urbaine, n’est pas seulement un axe urbain voué à la circulation (des personnes et des marchandises), et on ne peut se borner à affirmer de la ville qu’elle rassemble un ensemble de rues, sans préciser comment et selon quel dessein. De nombreuses autres catégories de lecture sont encore nécessaires pour comprendre de quoi il retourne lorsqu’on évoque la rue. D’autant que si on connaît assez bien la « route », notamment du point de vue littéraire (Kerouac...), la « rue » est souvent demeurée dans l’ombre, quoique de très nombreux personnages ne cessent de la parcourir, dans la réalité, dans la littérature, au cinéma comme dans la science fiction. Et que dire des manifestations de rue, des pouvoirs qui se redistribuent grâce à « la rue » (employée comme métaphore), ou des scènes de rue dans les lieux publics par conséquent ? Dès lors la question se pose de savoir si la rue est seulement passive, un simple support pour des actions diverses, essentiellement de passage, ou si elle peut engendrer des actions spécifiques, voire des poétiques de la ville (Pierre Sansot). (...)