
Politis questionne des « grandes » figures de l’histoire liées à la colonisation. Aujourd’hui le créateur de l’école gratuite, laïque et obligatoire, qui fut également un grand défenseur de la « supériorité raciale » des Français.
Plusieurs fois ministre de l’Instruction publique ou président du Conseil entre 1879 et 1885, Jules Ferry (1832-1893) a fait voter une série de lois créant l’école de la République autour d’un triptyque novateur : gratuité, obligation, laïcité. Incontestablement, Jules Ferry est le père de l’école républicaine. Mais il est aussi un défenseur de la supériorité raciale et civilisationnelle des Français. « La France […] doit […] porter partout où elle le peut sa langue, ses mœurs, son drapeau, ses armes, son génie. […] Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. […] Il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. » Ne faisait-il qu’exprimer une opinion banale de l’époque ? Le contre-discours que lui oppose Georges Clemenceau anéantit cette croyance : « Regardez l’histoire de la conquête de ces peuples que vous dites barbares et vous y verrez la violence, tous les crimes déchaînés, l’oppression, le sang coulant à flots, le faible opprimé, tyrannisé par le vainqueur ! […] Combien de crimes atroces, effroyables, ont été commis au nom de la justice et de la civilisation ? Je ne comprends pas que nous n’ayons pas été unanimes ici à nous lever d’un seul bond pour protester violemment contre vos paroles », avait-il clamé. (...)
C’est devant cette statue que François Hollande s’est recueilli après son élection à la présidence en 2012, pour symboliser l’engagement de son quinquennat envers la jeunesse… Un grand aveu de l’ambivalence de la gauche vis-à-vis de quelques-uns de ses personnages fondateurs. Avant de saluer l’œuvre de l’ancien ministre de l’Instruction, Hollande signifia ne rien ignorer des « égarements politiques » de Ferry, qualifiant sa « défense de la colonisation » de simple « faute morale et politique ».