
Le verdict est maintenant connu depuis quelques jours. Jeudi 4 février 2016, le Tribunal d’Instance de Toulouse a décidé de l’expulsion, à la fin de la trêve hivernale, des quelques 200 réfugiés syriens occupant depuis avril dernier les logement vides du bailleur social Habitat Toulouse, situés place des Faons dans le quartier des Izards. Certaines familles devront de plus s’acquitter d’indemnités d’occupation, dépassant, pour certains appartements, les 500 euros.
La décision passe évidemment très mal du côté des nombreuses associations de soutien, dont le rôle dans la survie de la communauté est crucial. Aussi, pour n’en citer que quelques unes, la CIMADE, le Droit au Logement, l’APESAR, le Réseau Éducation Sans Frontière 31, la Ligue des Droits de l’Homme, mais aussi la FCPE et Toulouse Solidarité ont choisi de rédiger une lettre ouverte adressée à Sylvia Pinel, ministre du Logement, et à Pascal Mailhos, préfet de région. La missive appelle l’État à prendre ses responsabilités.
La promesse d’accueil de 30 000 migrants en France formulée par François Hollande en septembre dernier ne semble pas encore s’être concrétisée en Haute-Garonne : pour Cathy Granier, l’une des porte-parole du RESF, moins de deux familles ont pour le moment été reçues, dont une à Ramonville, en octobre.
Des solutions, certes, mais à quel prix ?
« La préfecture a proposé de reloger les familles dans des CADA (Centre d’Accueil Demandeurs d’Asile) mais pas toujours dans la région toulousaine, et souvent à condition qu’elles acceptent de se séparer » déplore Cathy Granier, qui voit mal comment ces hommes, ces femmes et ces enfants que les bombes et la répression à Homs et Damas ont tragiquement rapprochés, pourraient accepter de ne plus vivre ensemble. Pour les associations, ces relogements expéditifs se sont fait au compte-goutte, sans concertation préalable avec les familles et les collectifs de soutien. (...)
L’autre préoccupation des associations toulousaines concerne l’éducation des plus jeunes de la communauté syrienne. Depuis la rentrée de septembre, la petite trentaine d’enfants de la première vague de réfugiés arrivée en avril ont pu être scolarisés sur Toulouse. D’après RESF 31, encore 17 n’ont pas encore pu rejoindre les rangs de l’école, qu’il rappelle pourtant « obligatoire en France ».
« Des municipalités se sont portées volontaires pour accueillir des réfugiés » : Cathy Granier et ses collègues bénévoles sont persuadés que les logements et les terrains vides ne manquent pas dans la ceinture large toulousaine. (...)